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Le pouvoir mise en effet sur l’essoufflement financier des grévistes déjà pris à la gorge par la hausse des prix. Face à leur inflexibilité, la mobilisation se poursuit et pour qu’elle se maintienne dans la durée, les grévistes ont besoin d’une caisse de grève. Et parmi les outils essentiels d’une contestation qui pourrait se tenir sur un temps long, les caisses de grève figurent en bonne place. Ce sont les caisses noires du monde du travail.
Avec plus de 4 millions d’euros récoltés depuis sa création en 2016, la CGT info’com est la caisse de grèves qui soulève encore aujourd’hui beaucoup d’argent.
Quel est leur rôle dans le bras de fer qui oppose les grévistes au gouvernement ?
Comment sont-elles nées et comment se sont-elles développées depuis l’origine, jusqu’à aujourd’hui avec l’avènement du numérique ?
On en discute avec Alma Dufour, députée LFI-NUPES, Gabriel Rosenman, sociologue et spécialiste des caisses de grèves et Guillaume Quintin Secrétaire national du Parti de Gauche.
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Le pouvoir mise en effet sur l’essoufflement financier des grévistes déjà pris à la gorge par la hausse des prix. Face à leur inflexibilité, la mobilisation se poursuit et pour qu’elle se maintienne dans la durée, les grévistes ont besoin d’une caisse de grève. Et parmi les outils essentiels d’une contestation qui pourrait se tenir sur un temps long, les caisses de grève figurent en bonne place. Ce sont les caisses noires du monde du travail.
Avec plus de 4 millions d’euros récoltés depuis sa création en 2016, la CGT info’com est la caisse de grèves qui soulève encore aujourd’hui beaucoup d’argent.
Quel est leur rôle dans le bras de fer qui oppose les grévistes au gouvernement ?
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On en discute avec Alma Dufour, députée LFI-NUPES, Gabriel Rosenman, sociologue et spécialiste des caisses de grèves et Guillaume Quintin Secrétaire national du Parti de Gauche.
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NewsTranscription
00:00 un toujours debout consacré à la deuxième journée d'action contre la réforme des retraites
00:04 portée par un gouvernement décidé, je cite, à ne plus négocier.
00:08 Le pouvoir mis en effet sur l'essoufflement financier des grévistes, déjà pris à la gorge par la hausse des prix.
00:13 Face à leur inflexibilité, la mobilisation se poursuit.
00:16 Et pour qu'elle se maintienne dans la durée, les grévistes ont besoin d'une caisse de grève.
00:20 Alors les caisses des grèves, je l'ai dit, ce sont les caisses noires du monde du travail.
00:24 Même si j'ai vu quelques petites réactions, vous pourrez réagir bien évidemment.
00:28 Alors quel est leur rôle dans le bras de fer qui oppose les grévistes au gouvernement ?
00:32 On en discute avec Alma Dufour, députée LFINUPS,
00:35 Gabriel Rosenmann, sociologue et spécialiste des caisses de grève,
00:38 et Guillaume Quintin, secrétaire national du Parti de gauche.
00:41 C'est parti pour l'entretien d'actu.
00:43 Bonsoir à vous.
00:51 Alors on vient de le voir, l'appel des syndicats.
00:53 Une deuxième journée de mobilisation massive a été entendue.
00:57 La CGT annonce 2,8 millions de manifestants dans toutes les rues de France,
01:01 même si lui, le ministère de l'Intérieur, annonce plutôt 1,3 million.
01:04 Mais c'est toujours plus que le 19 janvier dernier.
01:07 500 000 manifestants à Paris.
01:10 À Marseille, les syndicats ont recensé 205 000 manifestants.
01:14 Alors bien sûr, la police n'est pas d'accord avec ces chiffres.
01:16 Alors vous, vous y étiez à Paris.
01:18 Quelles sont vos impressions ?
01:20 Peut-être commencer par ma droite.
01:22 J'ai l'impression d'énormément de monde et de volonté de préparer la suite.
01:28 Moi, avant même la manif, j'étais à l'Assemblée générale des cheminots de Saint-Lazare ce matin.
01:32 Et la discussion principale était quand est-ce qu'on part en grève reconductible ?
01:36 Parce que je pense que tout le monde a bien conscience que des manifestations aussi grosses soient-elles
01:40 ne suffiront pas à faire reculer le gouvernement.
01:42 Elles donnent de l'énergie, elles donnent confiance,
01:44 elles montrent qu'on est une majorité dans le pays.
01:47 Mais il faut encore passer à un cran supérieur.
01:49 Vous partagez cet avis, Guillaume Quintin ?
01:52 Clairement. Moi, je n'étais pas à l'AG des cheminots de Saint-Lazare.
01:56 Mais je n'ai pas pu y aller ce matin.
01:58 J'ai mes petites habitudes à l'AG des cheminots de Paris-Est,
02:01 où on a quelques bons camarades là-bas.
02:04 Et j'ai vu Fabien Villieu en vidéo sur les réseaux sociaux.
02:08 Il disait voilà, si on loupe cette séquence-là, c'en est fini.
02:13 Donc il va vraiment falloir en quiller fort derrière.
02:16 Je pense que les gens étaient vraiment déterminés.
02:18 J'étais au tout début de la manif cet après-midi,
02:22 avenue des Gobelins.
02:24 On a vu des gens qu'on ne voyait jamais,
02:26 des syndicats qu'on ne voyait même jamais,
02:28 ou quasiment jamais, ou si peu,
02:30 enfin deux ou trois.
02:31 Et là, la CFTC a fait une marée bleue.
02:34 Ils ont ouvert le cortège.
02:36 Je n'avais jamais vu ça.
02:37 Donc voilà, les gens en veulent.
02:39 Ils veulent vraiment que ce projet soit enterré.
02:41 Et je pense que là, maintenant, il faut que ça parte.
02:44 Il faut que la grève et la grève la crèvent, prennent.
02:48 Et pour ça, effectivement, les caisses de grève sont un des outils.
02:50 On va en parler tout à l'heure.
02:51 – Oui, qui ne sont pas des caisses noires, c'est ça ?
02:53 – Qui ne sont pas des caisses noires.
02:54 – D'accord, ok.
02:55 Elma Dufour aussi, vous êtes plutôt optimiste pour la suite.
02:58 – Oui, oui, on est optimiste.
03:00 Moi, j'étais à Ronds ce matin, donc je n'étais pas à Paris tout à l'heure.
03:03 Mais aussi, voilà, dans les villes, un peu partout en France,
03:06 on a aussi vu le nombre de manifestants augmenter,
03:09 des profils différents.
03:10 C'était chouette aussi de voir qu'il y avait des gens
03:12 qui n'étaient pas en grève, et qui nous saluaient
03:14 depuis leur fenêtre et qui tapaient sur des casseroles, etc.
03:16 On a même vu un camion de pompiers,
03:18 où il y avait marqué "en grève" dessus,
03:20 mais je crois qu'ils s'étaient réquisitionnés.
03:21 Mais bon, en tout cas, ils travaillaient tout en faisant grève.
03:24 Mais voilà, ce qui est sûr, c'est que dans le cortège,
03:28 beaucoup, beaucoup de monde et beaucoup de gens qui, effectivement,
03:31 se demandent quelle sera la suite, et qui ont besoin peut-être
03:34 d'une visibilité sur quel secteur on va pouvoir compter
03:37 dans les prochains jours pour prendre le relais
03:39 et commencer vraiment à bloquer, entre guillemets, le pays.
03:42 Hier, on a été, nous justement, chez les cheminots aussi,
03:44 mais à Sauteville-les-Rouents.
03:46 C'était un meeting NUPES-Syndicat, ce qui était assez chouette aussi.
03:49 Et on a commencé à discuter dans le dur avec les raffineurs,
03:52 avec les salariés des centrales nucléaires aussi de Normandie.
03:55 Et ils ont effectivement prévu de monter en puissance
03:58 dans le blocage du pays.
03:59 Alors, on va maintenant entrer dans le vif du sujet
04:02 qui nous rassemble, les caisses de grève et leur rôle
04:04 dans le bras de fer qui oppose les grévistes au gouvernement.
04:07 On commence avec une question très basique.
04:10 C'est quoi une caisse de grève ?
04:12 Et je me tourne vers Gabriel Rosenmann,
04:14 sociologue historien des caisses de grève.
04:16 Est-ce que vous pouvez nous dire comment elles sont nées
04:18 et comment elles se sont développées depuis l'origine
04:21 jusqu'à aujourd'hui avec l'avènement du numérique ?
04:23 Alors, ça fait beaucoup d'éléments à rentrer dans une seule question.
04:26 Alors, ce que c'est d'abord, c'est un dispositif militant
04:29 qui sert à aider des grévistes et à diminuer
04:33 le coût financier de la grève.
04:35 Après, ça peut prendre des formes très différentes.
04:37 Ça peut être des caisses de syndicats abondées par des cotisations
04:40 et souvent réservées aux adhérents.
04:42 Ça peut être des collectes de solidarité pendant une grève
04:45 où des donateurs veulent faire un geste
04:47 pour aider les grévistes à tenir.
04:50 Et donc, ces formes-là, elles ont une évolution
04:52 assez longue et chaotique dans l'histoire
04:55 du mouvement ouvrier français en particulier.
04:57 Ça remonte au moins au révolt de Canut à Lyon en 1831.
05:01 C'est la première trace de caisse de grève que j'ai trouvée,
05:04 donc vraiment l'acte de naissance du mouvement ouvrier en France.
05:08 Et ça revient périodiquement dans des périodes
05:11 avec des configurations assez différentes
05:14 en fonction de la structuration du mouvement syndical,
05:17 du débat aussi entre syndicalisme radical ou plus réformiste.
05:23 Mais ça se retrouve dans à peu près toutes les traditions.
05:27 Il y a eu le syndicalisme chrétien,
05:29 qui en a fait un projet dès les années 1920-1930,
05:33 qui a finalement été mis en place
05:35 et qui a donné ce qu'on connaît aujourd'hui
05:37 avec la caisse de grève de la CFDT.
05:39 Il y a eu des caisses de grève à la CGT
05:41 et ensuite une longue période où ça a été plutôt
05:44 un pari stratégique sur les collectes
05:46 plus que sur l'accumulation.
05:48 Mais donc, voilà, ça suit des chemins assez tortueux
05:51 que j'essaie d'étudier dans ma thèse.
05:54 Mais en tout cas, dans la période actuelle,
05:57 il s'est passé un truc assez intéressant
05:59 depuis quelques semaines.
06:01 C'est que la plupart des expériences de caisse de grève
06:03 de ces dernières années avaient comme but central
06:06 d'aider des grévistes à tenir.
06:08 Et donc, c'était exclusivement, quasiment, des grèves longues.
06:12 Et là, il y a la mise en place d'un système
06:14 qui vise pas simplement à tenir, mais à étendre la grève.
06:18 Par exemple, dans les syndicats de la fonction publique,
06:20 notamment dans le SNUIPP ou dans la FSU,
06:23 il y a eu la mise en place de caisses de grève
06:25 qui vise à permettre à des personnels précaires
06:27 qui ne pourraient pas faire grève du tout
06:29 et qui pourraient être impliqués sur une ou deux journées,
06:31 ou en tout cas, les journées qui arriveront dans le paysage.
06:34 Et donc, ça, ça vise plutôt à permettre
06:36 d'élargir l'assiette de grévistes,
06:38 plutôt qu'à permettre uniquement à des grévistes
06:41 qui sont engagés dans des conflits longs à tenir.
06:43 Et donc, les caisses de grève, en fait, c'est ces deux.
06:45 En ce moment, c'est ces deux rôles-là.
06:47 – D'accord.
06:48 Guillaume Quintin, vous avez été l'initiateur
06:51 d'un grand téléthon des caisses de grève.
06:53 C'était le 17 février 2020.
06:55 Un événement capté par le Média
06:57 diffusé sur notre chaîne YouTube.
06:59 Et vous avez collecté plus de 150 000 euros.
07:01 – Oui, je n'ai plus le chiffre en tête,
07:03 ma mémoire est incertaine, 158 000.
07:05 – Oui, presque 160 000 euros.
07:07 – Dont 66 000 le premier soir,
07:09 pendant l'émission qu'on a faite ici même.
07:11 – C'est énorme.
07:12 Justement, est-ce que vous pouvez nous raconter
07:14 la genèse et le principe même de cette idée ?
07:16 – La genèse, alors, en fait,
07:19 pendant la précédente bataille des retraites,
07:21 il se trouve que moi, j'étais au chômage
07:23 depuis un moment, depuis assez longtemps,
07:25 et que j'étais assez frustré
07:27 parce que je n'avais vraiment rien à donner
07:29 aux caisses de grève.
07:30 Donc c'était pendant la précédente bataille des retraites.
07:32 C'était rude.
07:33 J'allais, moi, aux AG de Paris-Est,
07:37 voir les cheminots, et puis j'avais rien à donner.
07:39 Puis comme j'ai souvent des idées à la con,
07:41 j'ai proposé à plusieurs camarades
07:46 d'organiser un téléthon de la grève
07:49 pour collecter de l'argent pour les caisses de grève.
07:52 Et donc on s'est dit que ce serait pas mal
07:55 de le faire sur une base unitaire.
07:57 Donc on a impliqué, à l'époque,
07:59 je ne vais pas vous dire de bêtises,
08:01 mais il y avait la France Insoumise,
08:03 il y avait le NPA, il y avait Attaque,
08:05 il y avait les Amis de la Terre,
08:07 il y avait tout un arc syndical et partidaire.
08:12 Et puis j'ai décroché mon téléphone,
08:15 j'ai appelé Alexis Poulain,
08:17 qui avait lui aussi des contacts
08:22 dans les milieux de journaliste,
08:26 et j'ai dit voilà ce que je veux faire.
08:28 Et qu'est-ce que tu en penses ?
08:30 Il me dit c'est une excellente idée,
08:32 et on a commencé à remuer un petit peu le terrain.
08:34 Donc on a rameuté une demi-douzaine de médias,
08:37 donc Le Média, Radio Parleurs, Bastamag.
08:41 – Médias indépendants.
08:43 – Que des indépendants, ah oui, moi je voulais des non-alignés,
08:45 et même Sud Radio à l'époque.
08:49 Et puis on a fait six plateaux
08:52 avec des intervenants différents,
08:54 là aussi, alors j'invite les gens qui nous regardent
08:57 à aller voir, la vidéo est toujours en ligne,
08:59 donc on peut la voir par petite séquence,
09:01 parce que 6h30 d'affilée c'était très long.
09:03 Mais on a passé un moment extraordinaire,
09:05 d'abord on a bien rigolé, puis il y a aussi eu des plateaux
09:07 avec des gens, Gabriel je crois que tu étais parmi nous,
09:10 pour expliquer ce que c'est que la grève,
09:12 qu'est-ce que c'est que les caisses de grève, à quoi ça sert, etc.
09:15 Et on a donc récolté 66 000 euros le premier soir,
09:18 et jusqu'à 158 000 puisque la caisse est restée en ligne
09:21 près de six mois, voilà.
09:23 – Une initiative que vous comptez renouveler ?
09:25 – Alors on y pense fort, on y pense fort,
09:28 voilà, j'ai déjà eu des sollicitations,
09:31 on va voir, on va voir, il faut effectivement
09:35 que ce soit justifié, il faut qu'il y ait des grèves à soutenir,
09:40 mais j'espère bien qu'il va y en avoir, ouais.
09:42 – Alors Alma Dufour, vous êtes très impliquée
09:45 dans la gestion de la caisse de grève qui a été mise en place
09:47 par la France Insoumise afin d'apporter un soutien financier
09:50 à des salariés en lutte, alors c'est pas commun
09:52 de voir ce genre d'initiative au sein de partis politiques,
09:55 alors qu'est-ce qui vous a poussé à sortir de votre rôle,
09:58 on va dire strictement politique, pour venir appuyer l'action syndicale ?
10:02 – Oui alors merci de dire que c'est appuyer,
10:04 parce qu'on a pu avoir ces questions,
10:07 est-ce que vous essayez de vous substituer à, pas du tout,
10:10 d'ailleurs la plus grosse caisse de grève qui existe aujourd'hui
10:13 pour faire face à la dure bataille contre la réforme,
10:16 c'est la caisse d'Infocom CGT, si je ne dis pas de bêtises,
10:19 donc c'est celle de la CFDT, enfin en termes de montant,
10:21 on est sur des montants d'autour de 150 000 euros déjà, je pense,
10:24 si tu me corriges par contre.
10:25 – Alors Infocom, Ex-Infocom, Solidarité Financière,
10:28 ils ont passé la barre des 200 000 euros récoltés là,
10:31 sur la séquence en moins de deux semaines,
10:33 mais c'est une caisse de grève qui a collecté près de 4 millions d'euros,
10:37 – En tout, depuis sa création.
10:39 – Plus de 4 millions depuis sa création,
10:40 le plus gros paquet, tu as le chiffre mieux que moi,
10:44 mais c'est celui de la CFDT.
10:47 – C'est de l'ordre de 130 millions d'euros accumulés.
10:49 – C'est un énorme paquet.
10:52 – On s'est d'ailleurs entretenu avec Romain Altman,
10:55 qui est le secrétaire de la CGT Infocom.
10:58 – D'accord, et donc du coup voilà,
11:00 on a pas là pour l'instant notre caisse de grève,
11:03 elle est à 30 000 euros et quelques.
11:05 L'idée c'était surtout pour nous, d'abord,
11:07 on l'a commencé pendant la grève des raffineurs,
11:10 et puis pour les grèves qui ont commencé à suivre en cascade
11:13 sur le pouvoir d'achat et pour soutenir des luttes précises,
11:16 qui visaient à obtenir des augmentations salariales
11:19 pendant le rénault notamment,
11:20 et en fait on est venu s'inscrire en complément de luttes
11:23 qui n'arrivaient pas à avoir suffisamment de soutien
11:25 ou dont la caisse de grève était insuffisante,
11:27 et donc on est venu, voilà, s'ajouter,
11:29 en essayant avec nous notre base qui est autre que celle des syndicats,
11:32 avec les gens qui nous suivent sur les réseaux,
11:34 les adhérents, les militants, etc.
11:36 à apporter notre pierre à l'édifice tout simplement,
11:39 financier de cette histoire.
11:40 C'était aussi symbolique de dire que nous,
11:42 on reversait l'augmentation du point d'indice
11:44 qui a concerné toute la fonction publique,
11:46 qui concerne de fait aussi le salaire des députés,
11:48 à la caisse de grève aussi,
11:50 comme une manière de se montrer solidaire.
11:52 Et c'est important à la fois en termes de symboles,
11:56 parce que moi je suis convaincue que les gens,
12:00 on le sait, on le voit, il y a une crise démocratique qui est profonde,
12:03 les gens ont une méfiance quand même sur le politique en général,
12:06 même si dans les classes populaires,
12:07 ils sont quand même plus proches de nous,
12:09 ou du Rassemblement National en fonction des territoires.
12:11 Chez moi, c'est franchement, voilà,
12:13 je me suis battue contre le Rassemblement National,
12:15 donc je le vois que les classes populaires sont divisées,
12:17 mais qu'il y en a de toute manière une grande partie
12:18 qui est aussi très méfiante et distante.
12:20 Et donc on avait besoin de renouer avec le terrain,
12:22 de montrer qu'on n'était pas que là pour dire des belles phrases,
12:25 qu'on a un beau programme,
12:27 que notre programme, il faut y croire,
12:28 les gens sont pessimistes par moments,
12:30 ils ont l'impression que ce n'est pas réalisable.
12:32 Et donc le fait de se montrer aux côtés des gens,
12:34 de montrer qu'on peut nous-mêmes donner de l'argent, etc.
12:36 et d'être au plus près du terrain,
12:38 c'est aussi une manière de montrer que,
12:40 oui, il y a une sortie aussi par la voie politique,
12:43 et que, voilà, c'est aussi pour redonner de l'espoir
12:45 en une partie de la classe politique,
12:47 donc en fait la seule qui est en manif,
12:48 et la seule qui donne concrètement à des caisses de grève.
12:51 Et vous l'avez rappelé effectivement tous les trois,
12:53 s'il y a une caisse de grève qui soulève énormément d'argent,
12:56 et qui d'ailleurs l'une des plus importantes,
12:58 c'est celle de la CGT Infocom.
13:00 Depuis sa création en 2016,
13:02 elle a collecté plus de 4 millions d'euros.
13:04 On s'est entretenu avec Romain Altman,
13:06 secrétaire général chez Infocom CGT,
13:08 à qui on a demandé le secret de leur succès.
13:11 Elle tient beaucoup dans le fait que,
13:14 on tient beaucoup à ça,
13:16 déjà que notre initiative est intersyndicale,
13:18 c'est-à-dire qu'elle est gérée par Infocom CGT
13:21 et par un autre syndicat de Sud, Sudpost 92,
13:24 que vous avez déjà reçu sur votre plateau récemment d'ailleurs,
13:27 avec Gaël Quirante.
13:29 Et ce qui a fait vraiment son intérêt,
13:32 c'est qu'on assure aux donateurs
13:35 une totale transparence sur d'où viennent les dons,
13:38 où est-ce qu'ils vont,
13:40 et comment ça vient aider les grévistes
13:42 qui sont dans des conflits durs,
13:44 en l'occurrence là on parle du conflit sur les retraites
13:46 pour cette année en tout cas.
13:47 Le bilan il est pour nous extrêmement positif,
13:49 c'est-à-dire que là on a dépassé la semaine dernière
13:51 la barre symbolique des 4 millions d'euros
13:53 collectés depuis 2016,
13:55 donc autant dire que c'est inédit
13:57 et c'est à la fois incroyable,
13:59 parce que ça marque une certaine solidarité
14:03 des Français dans les conflits sociaux,
14:05 donc c'est vraiment pour nous génial,
14:07 parce qu'on considère que la question
14:09 de la solidarité financière,
14:10 elle est déterminante dans notre opposition frontale
14:13 au gouvernement et ses mauvais projets,
14:15 ses projets de régression sociale.
14:17 Est-ce que vous voulez peut-être réagir
14:19 à ce qui a été dit ?
14:21 Je crois que c'est indispensable
14:23 de faire ses collectes,
14:25 parce que le discours de la Macronie
14:27 qui consiste à dire que
14:29 en fait les gens qui font grève
14:31 c'est parce que c'est des feignants,
14:33 ça n'existe pas, en réalité les gens font grève
14:35 et ils en putent leur salaire,
14:36 c'est-à-dire qu'à la fin du mois,
14:37 les journées de grève sont décomptées
14:39 et donc elles ne sont pas payées,
14:40 alors dans la période que tu as rappelée tout à l'heure,
14:42 qui est quand même assez compliquée
14:44 pour énormément de foyers de ce pays,
14:46 les caisses de grève,
14:48 ça ne vient pas faire le complément
14:50 total et direct,
14:52 c'est juste un petit complément,
14:53 c'est une petite aide,
14:54 mais c'est indispensable,
14:55 parce que ça donne le moral.
14:56 Quand on va remettre un chèque de 5000 euros
14:59 au centre d'action sociale de la ville de Paris
15:03 pour soutenir, je ne sais plus combien de semaines de grève
15:06 ils ont fait,
15:07 c'est des gens qui sont payés au SMIC,
15:09 voire moins que le SMIC,
15:10 la liesse que ça soulève,
15:12 rien que ça, ça réchauffe et ça fait du bien,
15:14 et donc c'est ça qu'il faut qu'on fasse.
15:15 Gabriel Rosenmann.
15:16 Je voulais rebondir sur deux choses qu'a dit Romain Altman.
15:20 La première, je pense que c'est pour ça que l'idée de caisse noire
15:22 n'est pas la bonne,
15:24 c'est que justement, contrairement aux caisses patronales,
15:28 et notamment, moi quand j'entends caisse noire,
15:30 je pense au scandale de ce qu'on a appelé la caisse noire de l'UIMM,
15:33 le patronat de la métallurgie,
15:34 qui avait une caisse anti-grève
15:36 et dont le patron a fait de la prison ferme
15:38 parce que ça avait été utilisé à des fins de corruption.
15:41 Donc pour moi, caisse noire, ça évoque ça,
15:43 alors que les caisses de grève, justement,
15:45 font face à un impératif de transparence très puissant
15:48 et en fait, publient des comptes,
15:50 y compris des caisses locales jusqu'aux caisses nationales,
15:53 comme expliquait Romain.
15:54 Et donc, il n'y a pas grand-chose de...
15:56 Il n'y a pas de zone d'ombre.
15:58 C'est des caisses tout à fait publiques et transparentes.
16:02 Deuxième élément qui est important dans la démarche de cette caisse-là,
16:05 anciennement Infocom et maintenant qui s'appelle la caisse de Solidarité,
16:08 ils viennent de lancer une nouvelle initiative
16:11 qui ressemble à quelque chose comme une fédération des caisses de grève,
16:15 avec l'idée que n'importe qui, n'importe quel secteur,
16:18 AG ou syndicat local qui voudrait lancer sa propre caisse de grève,
16:21 puisse profiter de l'expérience accumulée par cette caisse-là,
16:25 de ses statuts d'association,
16:27 de son compte sur une plateforme de dons,
16:31 et donc puisse s'adosser administrativement à cette caisse-là,
16:35 tout en cumulant sur un même compte,
16:39 sur un même compteur plutôt,
16:42 tout l'argent cumulé par les caisses,
16:44 parce que ça, ça donne un rôle politique assez important à la solidarité,
16:48 parce que si les différentes comptabilités de chaque caisse
16:52 sont complètement dispersées,
16:53 on a du mal à voir ce que représente
16:55 l'effort de solidarité financière avec les grévistes,
16:57 alors que là, cette formule-là permettrait de combiner
17:00 la gestion indépendante de chaque caisse locale
17:02 et un affichage public commun de l'ensemble de l'argent récolté.
17:06 – Alors là, on traverse une période qui est quand même assez particulière,
17:09 d'inflation galopante, les Français sont inquiets, préoccupés
17:13 par la baisse de leur pouvoir d'achat,
17:15 est-ce qu'il n'y a pas un risque que les contributions à ces caisses de grève
17:18 ne soient pas à la hauteur du bras de fer
17:20 qui oppose les grévistes au gouvernement, Alma Dufour ?
17:23 – C'est sûr que c'est un enjeu,
17:25 c'est sûr que c'est un enjeu, on n'en peut pas jeter sur un plateau de BFM,
17:28 ou un éditorialiste ait eu la gentillesse d'expliquer
17:30 que peut-être, effectivement, l'inflation pouvait aussi jouer
17:33 sur le taux de grévistes, c'est un enjeu énorme,
17:35 moi je suis sur ma circo, il y a des circonscriptions,
17:38 il y a des gens qui, au supermarché, nous disent qu'ils vont à la banque alimentaire.
17:44 Donc oui, là on a un vrai sujet d'inflation qui est colossal
17:48 et qu'on minimise constamment dans les médias
17:51 parce qu'on donne un indice qui est de 6% de l'augmentation des prix,
17:54 alors que sur l'alimentaire on est autour de 13%,
17:56 donc pour les ménages pauvres c'est vraiment vraiment dur.
17:59 Donc ça, ça va être un enjeu, ça va être un enjeu,
18:02 mais en même temps il faut qu'on arrive à...
18:06 en fait il faut qu'on ait un plan clair aussi.
18:08 Je pense que quand les gens auront l'information aussi
18:10 que tel secteur peut se mettre en grève, que tel autre, etc.
18:13 et de comment on compte vraiment avoir un impact dans le rapport de force,
18:17 ça donne forcément beaucoup plus envie de faire ce geste
18:20 qui peut coûter plus cher aujourd'hui,
18:22 qui coûtait il y a 2 ans ou 3 ans,
18:25 même si c'était déjà pas facile pour les ménages les plus pauvres.
18:27 Je pense que c'est là où c'est un peu ce qui ressortait
18:29 de la manifestation de tout à l'heure,
18:31 enfin en tout cas à Rouen, c'était de dire voilà,
18:33 on attend maintenant, quelle sera la prochaine vraie grève,
18:36 comment ça va s'emboîter, sur quel secteur on va pouvoir compter en premier
18:41 et quels sont leurs besoins.
18:42 Et en fait avec cette communication-là,
18:44 je pense qu'on peut embarquer énormément de gens
18:46 et notamment des gens qui ont envie de contribuer
18:48 mais qui peuvent pas faire graver,
18:50 déjà pour leur salaire mais aussi pour d'autres raisons.
18:52 C'est que dans les TPE par exemple, dans les PME,
18:54 dans des boîtes où il n'y a pas de syndicat,
18:56 dans la restauration, moi je discute beaucoup avec des serveurs et serveuses,
18:59 ils vous disent "moi je vais pas me mettre en grève,
19:01 je suis avec vous mais en fait je peux pas lâcher mon patron".
19:03 Enfin voilà, on n'est pas dans ce même rapport avec l'employeur,
19:05 ça peut être beaucoup plus difficile.
19:07 Et il y a des gens qui quand même voudront, je pense,
19:09 contribuer même un petit peu.
19:11 Et si on arrive, c'est une histoire de com',
19:13 parce que même si les gens ne mettent pas des montants faramineux,
19:15 si on arrive à diffuser l'existence des caisses de gaz,
19:17 c'est pour ça aussi que je suis venue sur ce plateau,
19:19 c'est pour commencer à vraiment en parler
19:21 et que beaucoup plus de gens sont au courant,
19:23 peut-être que des petits dons, peut-être plus petits,
19:25 mais peut-être qu'on arrivera à récolter quand même
19:27 ce qu'il nous faut, et l'argent.
19:29 Et peut-être en leur rappelant qu'il y a des grandes luttes
19:31 qui n'auraient pas pu prospérer sans le soutien
19:33 de ces caisses de grève.
19:35 D'ailleurs, quelles sont peut-être ces luttes,
19:37 ces dernières années, qui ont pu rencontrer
19:39 un grand succès grâce à ces caisses de grève ?
19:41 Peut-être Gabriel, on va être moins loin.
19:43 Les exemples principaux que je vois dans l'actualité récente,
19:45 c'est plus ou moins depuis 2010,
19:49 il y a une forme de réinvestissement des caisses de grève.
19:52 Il y a eu en 2010 la précédente grève sur les retraites,
19:56 il y avait eu énormément de dons qui étaient dirigés
19:59 vers les raffineries, et notamment celles de Grandpuit,
20:02 qui avaient même eu trop de dons par rapport à ce qu'ils avaient besoin
20:06 pour indemniser les grévistes.
20:08 Ils font quoi cet excédent ? Ils le reversent ?
20:10 Ils le reversent au Secours populaire ou à d'autres raffineries.
20:13 Même s'il y avait aussi une forme d'illusion dans cet élan-là,
20:18 c'était l'idée que les raffineries, toutes seules,
20:20 pourraient empêcher, enfin, stopper la réforme du gouvernement,
20:23 et que tout ce que les gens avaient à faire, c'était de donner de l'argent
20:26 plutôt que de s'impliquer eux-mêmes.
20:28 Je pense que c'est ça aussi toujours le débat qui soulève les caisses de grève,
20:32 c'est ce que ça déclenche, une grève par procuration ou pas.
20:35 Pas nécessairement, mais dans certains cas, oui,
20:38 je pense que dans le cas de Grandpuit, il y avait eu ça.
20:40 Et puis ensuite, dans les années qui ont suivi,
20:42 il y a eu quelques expériences locales qui ont remis vraiment
20:45 la caisse de grève à l'ordre du jour.
20:47 Il y a eu notamment les postiers du 92 en 2014,
20:51 et en 2018, on fait des très longues grèves,
20:53 et sans les caisses de grève, c'était juste impossible
20:56 de tenir 15 mois en grève.
20:58 Il y a eu la caisse de l'hôtel Ibis aussi,
21:01 la CGT des hôtels de prestige et économique.
21:04 Et depuis 2016, avec la caisse lancée par Infocom,
21:08 il y a eu un renouveau numérique des caisses de grève,
21:11 fortement appuyé sur les réseaux sociaux,
21:14 et donc qui a permis du coup de mettre en lien des gens
21:17 qui ne se seraient pas croisés à un piquet de grève ou en manifestation,
21:19 et d'élargir le périmètre de la solidarité.
21:22 Et donc, oui, dernier élément sur ça,
21:26 les mêmes raisons d'inflation qui font qu'on peut craindre
21:33 que les dons soient faibles, rendent aussi les caisses de grève
21:36 plus nécessaires qu'à d'autres périodes,
21:38 parce que les grévistes ont moins de réserve financière,
21:40 et énormément... Les crédits, bien sûr, mais plus que les crédits,
21:44 ce qu'on appelle les dépenses pré-contraintes ou pré-engagées,
21:47 les prélèvements automatiques qui font que dès le début du mois,
21:50 l'essentiel d'un budget a déjà disparu avant même qu'on puisse décider
21:53 comment l'utiliser. Et les directions d'entreprises jouent là-dessus
21:58 depuis plusieurs années, en faisant par exemple...
22:01 en mettant fin à l'étalement des jours de grève sur plusieurs mois.
22:05 Il y a à la RATP, à la SNCF, à La Poste, des fiches de paye à zéro euro
22:09 qui tombent quand on est lancé dans des grèves longues,
22:11 parfois même négatives, puisqu'ils continuent à prélever
22:14 les mutuelles ou des choses comme ça. Et donc il y a un enjeu important
22:19 à contrer des tactiques patronales par des tactiques de notre camp social
22:24 et par la solidarité financière.
22:26 – Oui, tu peux peut-être parler de ces tactiques, justement,
22:29 Guillaume Quintin ? Comment, juste...
22:31 – Les tactiques, je ne sais pas, je crois qu'effectivement,
22:36 la question de la communication sur les réseaux sociaux,
22:39 c'est primordial. Et puis, je voulais revenir sur une chose
22:45 que vous disiez tout à l'heure, c'est notre camp à nous,
22:48 les gens qui sont à 1002, 1003, 1004, 1005, 1006, 1007, 1008,
22:53 ils donnent aux caisses de grève. Quand Vincent Bolloré donne de l'argent
22:57 à Arnaud Laillardère pour acheter son larier à Laillardère Médias,
22:59 ce n'est pas pour lui faire plaisir, ce n'est pas pour le soutenir,
23:02 c'est pour lui mettre la tête sous l'eau et lui piquer son business.
23:05 Et nous, les gens donnent, les gens donnent même s'ils gagnent peu.
23:09 Et cette notion de solidarité, elle est réelle, elle est véritable,
23:15 et on s'appuie là-dessus. Et ça fonctionne.
23:18 Parce que voilà, sur le collecton, j'aurais pu ressortir les statistiques
23:22 pour l'émission, je ne l'ai pas fait, mais le plus petit don, c'était 1 euro,
23:26 le plus gros don, c'était 1 000 euros. Et l'acquiriel, c'était 5 euros,
23:31 5 euros, 2 euros, 10 euros, voilà. Mais l'écart-type est énorme,
23:36 mais la moyenne, c'était des petits dons. Et voilà, je veux dire,
23:42 on a cette capacité-là à donner. Et alors ce qui est intéressant
23:46 avec ce que tu disais sur la caisse d'Info.com, la plateforme qu'ils proposent,
23:49 c'est que ça permet aussi de sortir du système "commercial"
23:54 des plateformes de collecte qui prennent leurs coms, au passage,
23:58 ce ne sont pas des entreprises philanthropiques. Donc voilà,
24:01 c'est vraiment très intéressant. Mais voilà, c'est des petits dons,
24:04 et ce sont les petits ruisseaux qui feront les grandes rivières.
24:07 Et dans notre camp, à nous, ça fonctionne.
24:09 — Elle m'a du fond. — Eh oui, tout à fait. Et c'est pour ça que,
24:11 même si c'est des petits dons, en fait, c'est la masse qui va être critique.
24:14 Et c'est notre capacité, justement, à aller toucher des cercles
24:17 qu'on touche pas habituellement. Je veux dire, si les 80% ou 90%
24:23 des Français qui sont contre la réforme des retraites mettent juste 1 euro
24:26 dans une caisse de grève, je veux dire, là, on n'a plus du tout
24:29 de problème de financement. Mais c'est une réalité.
24:32 C'est-à-dire qu'il faut absolument qu'on popularise ça davantage,
24:37 qu'on fasse sortir la caisse de grève de son entre-soi, entre guillemets,
24:43 de syndicat et de politique. On se met là-dedans, de militant, de gauche,
24:46 quelle que soit la gauche et le terme. Mais en gros, il faut absolument
24:50 que le grand public ait conscience que c'est possible, que ça existe.
24:53 Et pour ça, effectivement, je pense qu'une stratégie claire aide aussi,
24:57 en déroulant un plan. C'est-à-dire, je sais que c'est difficile pour les syndicats
25:00 parce que ça se décide pas depuis le haut et c'est la base qui décide.
25:03 Par exemple, dans telle entreprise, si grève ou pas, il y aura.
25:06 Donc, ils peuvent pas annoncer à la place de X raffinerie qu'il va y avoir
25:09 une grève tel jour. Ça se fait pas comme ça et c'est tout à fait normal.
25:12 Néanmoins, c'est sûr qu'on aura besoin de ça. Mais je rejoins ce que tu as dit.
25:16 C'est-à-dire qu'effectivement, moi, je pense qu'on a besoin de secteurs forts
25:19 aussi pour démarrer et montrer qu'il va se passer des choses.
25:22 Mais ce serait illusoire de penser que si c'est une grève dans les raffineries,
25:27 une grève à la SNCF, suffiront à bloquer par elles-mêmes la réforme,
25:31 puisqu'on sait que les réquisitions sont possibles, puisqu'on sait
25:33 qu'il y a plein de manières de contourner. Moi, je me souviens en 2020,
25:36 comment le fait que le métro fonctionnait plus pendant plusieurs semaines,
25:38 ça ne gênait absolument pas le gouvernement en Ile-de-France.
25:42 Mais bon, c'était le cas. Et donc, du coup, c'est vrai que plus ça se diffusera
25:46 à plein de secteurs, plus les Français, dans leur majorité, refusent de coopérer,
25:51 plus on a effectivement de chances de faire vite tomber la réforme.
25:55 – Alors, il est 20h21, je sais qu'Elma Dufour, vous devez partir.
25:58 – On peut… – Je te vois, voilà, d'accord.
26:00 On peut poursuivre l'échange ? Super.
26:02 Alors, c'est vrai qu'on se réjouit de l'existence de ces caisses de grève.
26:07 Il y a quand même certaines difficultés ou limites qui sont attachées
26:11 à ces caisses de grève. Je pense notamment à la redistribution.
26:15 Est-ce que vous pouvez peut-être nous en parler un peu plus,
26:18 de ces obstacles aussi, de peut-être ce qui pourrait dissuader
26:21 les Françaises et les Français à verser dans ces caisses de grève ?
26:24 – Je pense pas que ce soit un obstacle.
26:26 Mais les critères de redistribution sont très variables selon les expériences.
26:30 Il y a parfois la prise en compte, historiquement, dans l'histoire
26:34 du mouvement ouvrier, c'était beaucoup le critère enfant ou pas qui dominait.
26:40 Et l'idée que pour toucher un bout de la caisse de grève,
26:44 il fallait aller jusqu'au bout de la grève.
26:47 Et de ces deux points de vue-là, ça a quand même pas mal évolué,
26:51 puisque ces dernières années, les critères principaux,
26:53 ça peut être dans les grèves de l'hôtellerie, la prise en compte
26:56 du temps de travail prévu. C'est-à-dire que c'est un secteur
26:59 où il y a énormément de temps partiel.
27:01 Et donc c'était l'idée de tenir compte si les gens étaient
27:03 à temps partiel ou à temps plein. Dans d'autres secteurs,
27:06 chez les cheminots de Saint-Lazare, en 2016, il y avait eu la prise en compte
27:09 des couples de cheminots grévistes, parce que c'était une entreprise
27:12 avec beaucoup de couples endogames ou de couples de cheminots.
27:16 Dans d'autres secteurs, c'est tenir compte de seuils.
27:21 Pour bénéficier de la caisse de grève, il faut avoir fait 6, 8 ou 15 jours
27:25 de grève. C'était le cas notamment sur la grève des retraites
27:28 il y a 3 ans. Donc je ne pense pas que tout ça soit des obstacles.
27:31 Par contre, ce qui est sûr, c'est que les dons sont reversés,
27:38 les critères définis en fonction de l'argent qui est effectivement récolté.
27:41 Et donc moins il y a d'argent, plus les critères seront difficiles à trouver
27:44 ou exigeants ou concerneront un nombre de grévistes limité.
27:49 Mais donc si les dons, par contre, sont afflux,
27:52 en fait ce problème-là est un peu résolu de lui-même.
27:55 Et c'est quoi le besoin finalement pour pouvoir tenir dans la durée,
28:00 dans le cas de cette mobilisation, même si on ne sait pas combien de temps
28:03 ça va demander aux grévistes de poursuivre la mobilisation.
28:07 Est-ce qu'on a une estimation en euros ?
28:11 Combien d'argent il faudrait ?
28:13 Oui.
28:14 Non, je pense que c'est un exercice impossible.
28:16 En prenant exemple sur d'autres grandes mobilisations
28:19 qui ont pu avoir lieu grâce au soutien de ces caisses de grève,
28:23 on n'a pas d'idée.
28:25 Non, et je ne pense pas qu'on puisse même y répondre comme ça.
28:28 Autant en termes de stratégie de grève, on peut avoir des pistes
28:33 et du débat sur est-ce que c'est la grève reconductible de certains secteurs,
28:37 la grève générale ou le lobbying dans le cadre de certaines structures.
28:41 Il y a un débat contradictoire possible là-dessus.
28:44 Moi, je ne connais personne, aucune structure qui se permettrait de dire
28:48 si on récolte tant, on a gagné.
28:50 Parce qu'en fait le débat ce sera comment les utiliser,
28:53 auprès de qui reverser.
28:55 Et donc en fait on en revient à la grève elle-même,
28:57 et pas seulement à son financement.
28:59 Alors dans de nombreuses filières, on estime que la solution
29:02 existe dans une grève qui montre en fait une malent l'emprise
29:05 du monde ouvrier sur les moyens de production.
29:07 Si en plus on a ces caisses de grève qui viennent les soutenir
29:11 dans cette mobilisation, il y a quand même, alors là pour le coup,
29:14 je pense peut-être un obstacle, la répression policière
29:19 qui peut se montrer de plus en plus féroce face à cette stratégie-là
29:24 de répression, enfin plutôt jusqu'où peut aller même cette répression-là ?
29:30 – T'as pas le mat du fond ?
29:31 – Oui, oui, mais tout à fait, et d'ailleurs pendant la grève
29:33 des raffineries c'est ce qui s'est passé, là il y a à peine 3 mois en fait.
29:37 Il y a effectivement eu des policiers qui sont venus chercher
29:40 les gens chez eux pour les forcer à remettre en marche la machine.
29:45 On sait que dans la santé ça dure depuis pas mal de temps.
29:49 Je ne sais pas si vous saviez par exemple qu'il n'y a pas très longtemps
29:51 le CHU de Nantes, tout le service des urgences était en grève,
29:54 mais qu'il a su absolument personne puisqu'ils ont été réquisitionnés.
29:58 Ils ont été réquisitionnés, et donc du coup, alors c'est horrible
30:01 parce que dans la santé on voit que c'est un outil de contrôle d'une crise
30:06 qui devient vraiment catastrophique et vraiment pénible à voir.
30:10 Et c'est par le fait qu'on puisse réquisitionner les travailleurs
30:14 qu'on en arrive là et qu'on permet au système de perdurer.
30:17 Et finalement les gens finissent par partir, puisqu'ils n'ont pas pu avoir
30:20 gain de cause par la grève, ils sont dégoûtés de la fonction
30:23 publique hospitalière et ils s'en vont.
30:25 Et donc maintenant il n'y a plus assez d'agents et ça c'est un autre souci.
30:28 Donc il y a des pistes qui sont réfléchies aussi du côté des arrêts maladie
30:32 pour les secteurs qui ne peuvent pas effectivement faire de grève vraiment.
30:36 Et encore une fois, plus je pense, et plus ça ira vite, c'est toujours assez facile,
30:40 mais plus ça ira vite et dans plusieurs secteurs en même temps,
30:43 plus ce sera difficile pour le gouvernement de résoudre la situation
30:47 en ayant une logique de répression et de réquisition.
30:50 C'est ça qu'il faut se dire, c'est-à-dire qu'effectivement si on mise trop
30:52 sur un seul secteur ou deux et qu'on laisse ça pourrir pendant 2-3 semaines
30:56 mais que ce n'est pas rejoint par d'autres, effectivement ce risque-là existe.
30:59 C'est que le gouvernement passe en force avec l'aide des forces de l'ordre.
31:03 Par contre, si vous avez les raffineries, on se souvient d'ailleurs,
31:07 les travailleurs du nucléaire avaient menacé de se mettre dans le mouvement
31:12 si on continue la répression sur les raffineurs.
31:14 Donc il y a cette espèce d'effet de contagion.
31:16 On pourrait imaginer, voilà, s'il y a une grève des écoles, ils vont faire quoi ?
31:19 Ils vont réquisitionner tous les profs pour faire l'école aux petits ?
31:22 Il y a plein de choses qui peuvent se passer et plus ça ira vite
31:25 et plus ça se contamine rapidement, plus ils vont paniquer et ils vont céder.
31:28 Bon, ça c'est dans mon monde merveilleux, mais en réalité c'est comme ça,
31:33 j'imagine que ça peut se passer si ça se passait bien.
31:36 Je crois que ce n'est pas un monde merveilleux, c'est un monde où il suffit
31:38 de regarder ce qui s'est passé il y a 3 ans, où la réforme des retraites précédentes
31:42 n'a pas été appliquée. Alors certes, il y a eu le Covid, etc.,
31:46 mais il y a eu la grève. Dans tous les pays où la grève n'a pas eu lieu,
31:50 les réformes libérales ont continué à s'appliquer.
31:52 Malgré le Covid, oui.
31:54 Et donc là, c'est une victoire de la grève, au moins partielle.
31:57 Et donc le blocage d'une partie de l'économie, des transports, des raffineries,
32:01 une forte mobilisation dans l'enseignement, tout ça, ça a presque marché tout seul.
32:07 La logistique aussi, ça pardon, j'ai oublié ce dernier secteur.
32:10 C'est un secteur dont on parle peu, alors que finalement, maintenant
32:13 qu'on produit de moins en moins de choses en France,
32:15 mais on a quand même toujours beaucoup, beaucoup de logistique et d'entrepôt,
32:18 c'est sûr que si la logistique rentre dans le jeu, les chauffeurs de poids-l'eau,
32:22 etc., les transporteurs, bon, ça peut aller aussi très vite.
32:25 Les dockers, le secteur des transports et l'énergie, et voilà, 2 semaines.
32:31 2 semaines ?
32:33 2 semaines. Ces 3-là, 2 semaines.
32:35 Bon, c'est entendu le conseil. Voilà, un appel à la mobilisation pour 2 semaines.
32:40 Et avec la création d'un nouveau téléthon, donc des caisses de grève,
32:44 dans ce cas. Vous êtes obligés, là.
32:46 Ah ouais, bah là, on est obligés.
32:48 On va parler, on va terminer par ça, les prochaines échéances pour les syndicats
32:52 et pour les partis politiques de gauche. Il y a une grève, je crois,
32:56 nouvelle grève qui s'annonce en février, les 7 et 11 février.
33:00 Je crois qu'il y a le 7-8 février, 48 heures de grève prévues avec les dockers,
33:06 les raffineries, les cheminots, au moins une partie des syndicats de cheminots,
33:10 et dans l'énergie. Il était question aussi d'une manifestation un samedi,
33:15 je crois, le 11. Et donc le débat qui s'ouvre entre maintenant et cette période-là,
33:21 c'est quel secteur part en grève reconductible, à quelle période.
33:25 Je sais que la CGT cheminot et Sud Rail évoquaient la mi-février.
33:29 Et c'est de ça que ça a discuté ce matin à la Génération de Saint-Lazare.
33:32 Et même d'ailleurs aussi, quelle est la stratégie pour le...
33:35 Le samedi... C'est 7... 11 février. Ça se discute encore en ce moment.
33:41 On en reparlera demain puisqu'on continuera à parler de la grève demain.
33:45 Eh bien, écoutez, je crois que je vous ai pris suffisamment de temps comme ça.
33:48 Il est 20h30. Merci beaucoup, Alma Dufour, députée LFI, NUPS,
33:53 Gabriel Rosenmann, sociologue et spécialiste des caisses de grève,
33:56 et Guillaume Quentin, secrétaire national du Parti de Gauche,
33:59 qui lance très prochainement un nouveau téléthon des caisses de grève, le 2.
34:03 Et ça se passera bien évidemment au Média.
34:06 Ciao !
34:07 [Silence]