Vendredi 27 janvier 2023, cela fera 40 ans que l'acteur culte Louis de Funès nous a quitté. À cette occasion, son petit fils, Laurent de Funès est l'invité d'actualité. Comédien comme lui, il se confit sur son grand-père.
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00:00 Bonjour Laurent Definesse, merci beaucoup d'avoir accepté notre invitation pour parler de votre grand-père.
00:05 Vous êtes comédien, comme lui.
00:07 Est-ce que c'est de l'avoir vu sur grand écran, quand vous étiez petit, qui vous a donné envie de
00:13 faire ce métier sur le tard, d'ailleurs, comme lui ?
00:15 Oui, probablement, mais ça doit être un peu génétique aussi.
00:20 Oui.
00:20 Ça doit être un peu génétique. Mais en fait, on ne le regardait pas tant que ça quand on était enfant.
00:24 Vous n'alliez pas au cinéma ?
00:25 À chaque fois, on allait à toutes les avant-premières, mais il n'y avait pas autant de rediffusions qu'il y en a aujourd'hui sur les télévisions.
00:32 Donc on n'était pas baigné là-dedans non plus.
00:34 Excusez-moi, ça vous dérange si je vous dis que vous lui ressemblez beaucoup quand même ?
00:38 Ah, je ne sais pas.
00:39 C'est très étonnant quand je vous regarde, quand vous faites cette tête, j'ai l'impression de le revoir.
00:44 Je vais faire une autre tête.
00:45 Est-ce qu'on vous le dit souvent ? On vous parle de cette ressemblance ?
00:48 Oui, oui, oui, mais j'avoue, je ne la vois pas trop. Moi, je n'y fais pas trop attention parce qu'on se voit soi-même
00:54 et pas dans le regard d'un autre.
00:56 Alors vous êtes vous-même comédien, est-ce que c'est plutôt un avantage ou un inconvénient d'être le petit-fils de Funès quand on est comédien ?
01:04 Alors, lorsqu'on est comédien en France, c'est compliqué parce qu'avoir un nom pareil, c'est vrai qu'apporter en France, c'est compliqué, c'est dur.
01:13 Dans le milieu des affaires, ça ne pose aucun problème. Dans le milieu du show business, un peu plus.
01:16 Vous faisiez des affaires avant ?
01:17 Oui, avant, j'étais dans la publicité, dans la communication.
01:20 Et donc, dans le show business, c'est plus compliqué, effectivement.
01:24 Et c'est d'ailleurs l'objet d'un seul en scène que j'ai écrit, que je vais jouer prochainement, qui raconte tout ça,
01:31 qui raconte les difficultés de porter un nom aussi célèbre dans un milieu qui, finalement, peut se dire,
01:38 "Ouh là là, ils vont être très frileux". Du côté du public, ça se passe bien, mais du côté des professionnels, il y a toujours une ambiguïté.
01:43 Le désir aussi de me faire jouer des choses qui ressembleraient à ça, c'est très complexe, mais c'est drôle.
01:49 Vous allez le raconter, donc, dans ce seul en scène.
01:51 Alors, pour nous, évidemment, c'était un des plus grands acteurs du paysage français, mais pour vous, c'était avant tout votre grand-père.
01:57 Comment vous l'appeliez à l'époque ? Papi, grand-père, Papounet ?
02:01 Oui, non, c'était grand-père, oui, grand-père, papi, mais c'était plutôt grand-père, oui.
02:07 Plutôt grand-père, et quel souvenir vous gardez de lui ? Je crois que quand il est décédé, vous aviez 15 ans, vous étiez adulte.
02:12 Non, 18 ans.
02:13 18 ans ?
02:14 Oui, oui, oui, tout à fait.
02:15 Donc, vous avez quand même de grands souvenirs.
02:16 Oui, oui, oui, en fait, j'en avais, quand on était très petit, en fait, c'est quelqu'un qu'on voyait peu, parce qu'il était toujours en tournage,
02:23 mais par contre, à chaque fois qu'il tournait un film sur Paris, il venait nous voir.
02:27 À chaque fois, il téléphonait à mon père, "bon, j'arrive", il fallait venir le chercher, studio de Joinville, donc on se voyait, oui.
02:33 Après, quand il a déménagé, quand il est parti au château de Clermont, c'était plus loin, et puis à l'époque, il n'y avait pas autant de possibilités.
02:40 Vous n'y passiez pas des vacances, pour aller voir ?
02:42 Non, non, non, du tout, du tout, on était deux familles différentes, et la famille, donc, la famille de mon grand-père, la deuxième famille,
02:50 donc, c'était Jeanne, était peu encline à ce que nous venions, donc on voyait beaucoup plus discrètement.
02:57 Les choses étaient très séparées entre les deux familles.
02:59 C'était très séparé, à son grand-dame, d'ailleurs, il en souffrait.
03:02 Et comment il était dans la vie de tous les jours ? Parce que vous savez bien ce qu'on dit de Louis de Funès, qu'il était extrêmement marrant sur les plateaux,
03:08 mais qu'il n'était pas fastoche dans la vraie vie.
03:10 Oui, alors je dirais deux choses. Moi, je n'ai jamais vu le côté pas fastoche, voilà.
03:15 J'ai plutôt vu le côté... Quand il arrivait, il y avait toujours cinq minutes de flottement, vous savez, les bonjours, les machins, les embrassades, tout ça,
03:24 puis après, il redevenait lui-même, en fait. Et lui-même, c'était quoi ?
03:27 C'était quelqu'un de tout à fait normal, mais qui avait aussi ce même visage, ces mêmes expressions, ces mêmes mimiques, en fait.
03:35 Alors justement, en parlant des mimiques, Louis de Funès, votre grand-père, est un acteur évidemment intemporel. Il a marqué des générations grâce à ses mimiques, ses grimaces,
03:43 sa gessuelle unique, qu'a fait imiter péniblement Thomas Sauto.
03:46 Ah, Thomas Sauto, l'unité !
03:47 Je vous propose qu'on l'écoute, et il va nous expliquer comment il l'est préparé, justement, ses mimiques.
03:52 Il vous arrive d'imaginer les gags de vos films dans votre jardin ?
03:56 Oui, souvent, parce que dans le jardin, je réfléchis beaucoup, je pense beaucoup, et j'ai trouvé beaucoup de gags,
04:00 beaucoup de situations, beaucoup d'idées de petites séquences de films.
04:05 Là, c'est des musées en l'air large, vous voyez ?
04:07 Et si vous êtes trop bien, vous n'y serez pas, parce que je fais couper la chose.
04:12 Voilà, alors je pars. À bientôt. À mardi !
04:16 Génial. C'est quoi les rôles que vous avez préférés, dans lesquels vous l'avez préféré, votre grand-père ?
04:22 Moi, en fait, j'ai toujours adoré les films de Gérard Houry, particulièrement, parce que je trouve qu'ils sont extraordinairement écrits.
04:28 La Folie des Grandeurs ?
04:29 La Folie des Grandeurs. Je rigole à chaque fois, et puis je vois l'Espagne, notre famille, on est espagnols,
04:33 et donc je vois tout ça quand il est déguisé en femme.
04:35 Il est là, comme ça, imbécile, vous me reconnaissez, andouille !
04:38 Et voilà, tout ça, c'est drôle, j'adore toute cette première partie extraordinaire, mais il y a aussi,
04:44 enfin, tous les films de Houry sont géniaux, mais il y a aussi Fantomas, il est extraordinaire.
04:49 Il y a des répliques cultes qui vous habitent encore ? Est-ce que vous les rejouez à la maison, ou pas ?
04:54 Non, jamais, jamais.
04:55 Alors, bizarrement, j'ai rencontré des acteurs qui me disaient, mais elles connaissaient toutes les répliques, et moi, pas.
05:02 Non, parce que je n'ai pas été baigné, et volontairement, je ne veux pas non plus rentrer là-dedans, quoi.
05:07 Mais c'est drôle, mais je rigole toujours autant.
05:10 Alors, en dehors des plateaux de cinéma, il passait beaucoup de temps, votre grand-père, dans son jardin,
05:14 il était très respectueux de la nature.
05:15 On va écouter, justement, quand il était dans sa serre au château de Clermont, vous en parliez tout à l'heure, en Loire-Atlantique.
05:20 Je fais tout mon jardin sans produits chimiques, aucun.
05:24 D'ailleurs, le jour, je me rappelle, j'en foutais partout, partout les pucerons, j'arrêtais pas de mettre des granulés qui étaient des horreurs.
05:34 Le jour où j'ai arrêté ça, il y avait déjà beaucoup moins de pucerons, et ça s'est calmé, je ne soignais plus rien,
05:40 les plantes n'étaient plus malades, elles allaient déjà mieux, les plantes, elles respiraient.
05:44 En fait, c'était un écologiste avant l'heure, Louis Thunès ?
05:47 Oui, c'était un écologiste avant l'heure, il avait déjà tout compris dans le jardin, effectivement,
05:52 puis sur son repos, il nous disait quand il venait, "je suis tranquille dans mes serres, les rosiers et tout",
05:57 c'était son lieu de détente.
06:00 Et puis, ce qu'on sait, moi aussi, c'est qu'il était musicien, il jouait très bien du piano,
06:05 puisqu'il a été pianiste dans des bars pendant ses années, ses jeunes années.
06:09 Vous pensez que c'est là, d'ailleurs, qu'il a développé ce sens de la mise en scène, ce jeu d'acteur presque chorégraphique ?
06:14 Oui, c'est musical, de toute façon, le jeu est musical.
06:17 Il y a une chorégraphie qui est très forte chez lui, quand on voit bouger, il n'y a pas de hasard,
06:21 c'est extrêmement minuté, millimétrée.
06:24 C'est énormément de travail de faire rire.
06:26 C'est énormément de travail, mais en même temps, c'est très inné, cette façon de bouger.
06:29 Face à une caméra, il faut vraiment que ce soit inné.
06:32 Il faut avoir la Vix Comica, il l'avait, évidemment.
06:35 Est-ce qu'il y a d'autres acteurs d'aujourd'hui qui vous font penser à votre grand-père,
06:40 qui ont cette capacité innée à nous faire rire ?
06:43 Si vous deviez en citer un.
06:45 Non, du tout, du tout, qui me font penser à lui, pas du tout.
06:47 Par contre, on rit différemment aujourd'hui.
06:49 Il y a des tas d'acteurs qui sont drôles, mais sans être de Funésien.
06:53 Mais moi, je regarde, par contre, volontiers les films encore aujourd'hui.
06:56 The Party, tous ces films anglais qui sont extraordinaires, j'adore cet humour.
07:00 Peter Sellers.
07:01 Peter Sellers, tellement drôle.
07:03 Tout ce comic-là me plaît énormément.
07:05 Mais on est sur un comic très différent aujourd'hui.
07:07 - Merci beaucoup Laurent Defunes, merci de nous avoir parlé aussi bien de votre grand-père.