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Catherine Lajealle, sociologue, était en direct ce mercredi matin dans Première édition pour évoquer le fléau des groupes sur WhatsApp et comment s'en préserver.

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Transcription
00:00 Catherine, vous êtes l'auteur de ce livre "J'arrête d'être hyper connecté, réussissez votre détox digital aux éditions Erol".
00:05 Mais enfin, on n'a pas assez de pression dans notre vie qu'on en arrive aussi à s'en mettre une dans les relations familiales et sur les groupes WhatsApp.
00:12 Comment se fait-il ?
00:14 Ce qui est intéressant dans l'histoire de ce père de famille, il a une femme, il a une fille de 19 ans, une fille de 23 ans, il est extrêmement aimé.
00:24 Ces deux choses, c'est d'abord la banalité de ce qu'il exprime et puis l'immense retentissement mondial.
00:30 Tous les gens ont vraiment acquiescé et dit "mais moi je dis la même chose que vous".
00:34 Donc ce père de famille qui est entouré d'amour, ce qu'il dit c'est finalement "dans tout ce que vous postez, j'apprends rien, il n'y a pas d'informations, c'est pas très utile".
00:44 Et puis ça me pousse une injonction, je dois répondre, donc c'est aussi intrusif, ça fait de la fragmentation d'activité dans ma journée.
00:53 C'est aussi un petit peu de sa faute puisqu'il met les notifications.
00:56 On a entendu dans votre pastille des gens qui justement les suppriment et vont voir les notifications quand ils ont envie.
01:03 Donc ça c'est une très bonne chose.
01:05 Donc ce que ce père de famille dit c'est finalement "il n'y a pas d'informations" et ça me dérange.
01:09 Ce qu'on oublie là-dedans, c'est que la communication a plusieurs rôles.
01:16 Un spécialiste Jacobson au siècle dernier qui dit "une des fonctions de la communication c'est de délivrer une information".
01:22 Peut-être que les Allemands vont autoriser l'utilisation des chats, ça c'est une vraie information.
01:28 Mais on n'a pas toujours de l'information.
01:29 Il y a une fonction qui est fatigue et la fonction fatigue c'est d'entretenir le lien, c'est redire combien les autres sont importants,
01:36 l'affectif, combien on fait partie du groupe.
01:40 Et ces groupes Facebook, ils ont cette fonction fatigue, il n'y a pas forcément beaucoup d'informations.
01:45 Et on l'a vu pendant le Covid, c'était important de réaffirmer cette appartenance, cette affection,
01:52 ce fait surtout que vous pouvez mourir, cette affection et cette implication, cet engagement dans le groupe.
01:58 Les groupes WhatsApp ont beaucoup cette fonction-là.
02:01 Je pense que si ce père de famille avait dit "tout ce que vous publiez n'est pas écolo, ça consomme, des data centers etc.",
02:08 ça aurait été beaucoup mieux accepter finalement des filles.
02:11 Je trouve que le groupe WhatsApp familial c'est ce qu'il y a de pire parce que c'est un lieu de régression presque.
02:16 On se retrouve comme autour de la table, avec chacun à sa place dans la famille,
02:20 le frère jaloux, la sœur comme si, le père ou la mère, donc c'est presque encore plus pesant qu'un autre groupe.
02:27 Et quitter le groupe, si on décide de le quitter, ça relève de la haute trahison.
02:30 Exactement.
02:31 Catherine.
02:32 Oui, vous avez tout à fait raison.
02:34 Il y a une possibilité de le quitter sans que ça soit vu par les autres,
02:38 mais de toute façon à un moment, comme vous ne réagissez pas, on voit bien que vous avez quitté le groupe.
02:42 Vous avez tout à fait raison.
02:43 Le groupe familial a cette spécificité par rapport aux groupes amicaux,
02:48 qu'on rejoue son rôle et qu'on est dans une mise en scène de toute façon, dans une construction de la réalité.
02:55 La réalité est toujours enjolivée à travers les stories et à travers tout ce qu'on porte.
03:00 Donc on se dit "finalement ma vie est moins bien".
03:03 Catherine, je voudrais qu'on écoute un groupe WhatsApp que tout le monde connaît peu ou prou.
03:07 C'est le groupe WhatsApp des parents d'élèves.
03:09 Tu connais ça toi ?
03:10 Mais c'est pire que les groupes WhatsApp de famille.
03:12 Et c'est Gad Elmaleh dans son dernier spectacle, regardez.
03:15 L'autre soir, j'étais tranquille à la maison, 23h40, maman Bérenice écrit "alerte poésie".
03:27 Alerte enlèvement, oui.
03:30 Alerte attentat.
03:32 Mais alerte poésie, putain !
03:34 Bérenice a oublié son cahier de récitation.
03:37 Du coup, elle n'a pas la récitation "petite écureuille"
03:41 qui aurait la gentillesse de nous envoyer une capture d'écran de "petite écureuille".
03:46 Moi j'avais envie de lui dire "va te coucher maman Bérenice et ne nous emmerde pas sur ce groupe WhatsApp".
03:51 Tout est dit, non ?
03:53 Merci beaucoup Catherine d'avoir été en direct avec nous ce matin sur BFMTV.
03:58 Ah ah ah !
04:00 Ah les coquins !
04:02 Excellent !
04:03 - Non.

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