• il y a 2 ans
L'AMIANTE AUX CHANTIERS NAVALS DE NANTES : Documentaire / 7 minutes 07
Projet LA NAVALE FILM 2 SUR 6

Résumé : L'amiante a été très utilisée dans la fabrication des bateaux dans les chantiers navals de Nantes.
Mais les ouvriers avaient ils conscience que ce produit était dangereux ? Jean ouvrier témoigne.

Témoins : Jean Peneau, Elise Nicolle
Réalisation : Una Arthus, Maëva Cadeau, Florence Courtemanche, Aurélien Lanave, Flavie Mertens

Una Arthus : Ecriture, interview et montage
Maëva Cadeau : Archives et sons
Florence Courtemanche : Archives et Lumière
Aurélie Lanave : Son
Flavie Mertens : Ecriture et Caméra


Archives images et sons issues des fonds de la Maison des hommes et des techniques
et de l'association de l'histoire de la construction navale à Nantes

Un immense merci aux témoins que nous avons rencontrés

Musiques Creative Comons
Kai Engel : Marée


Un projet initié par François Poupet et Xavier Liébard
Coordination des films : Xavier Liébard
Coordination de la Maison des Hommes et des Techniques : Elise Nicolle, Dorian Cougot
Coordination Licence pro TIC ARC : Zeineb Touati

Ce projet a été mis en place en 2021-2022 en partenariat avec les Licences Tic Arc de l'Université de la Roche sur Yon et la Maison des Hommes et des Techniques à Nantes
Il fait partie d'une collection de 6 films documentaires mémoire sur la navale.
Il a permis à 28 étudiant (e)s de la licence des Métiers du numérique de travailler sur la mémoire de la construction navale à Nantes
En choisissant un thème, un ou des témoins et des archives correspondantes issus du fonds de la maison des hommes et des techniques.

Pour voir les autres films :
Playlist la navale
https://dailymotion.com/playlist/x7fd46
Transcription
00:00 [Musique]
00:28 Alors Jean, est-ce que vous pouvez nous parler un petit peu de vous, vous présenter ?
00:32 Benoit Jean, 88 ans passé, je suis rentré au chantier en 1957,
00:42 en février 1957, et je l'ai quitté en 1986.
00:49 Je suis Élise Nicole, je suis coordinatrice de la Maison des Hommes et des Techniques.
00:55 Les derniers sous-marins qu'on a fait ici, apparemment, soit disant,
00:59 que ce n'était pas des matelas d'amiante, mais j'ai eu peine à croire.
01:02 Mais on a eu de la difficulté complète, il y en avait partout les amiantes ici.
01:05 Les soudeurs, ils avaient un tapis, c'était d'amiante.
01:07 Il y a eu des équipements, il n'y avait pas le masque.
01:10 Ici, on n'a jamais porté de masque.
01:12 Moi, j'ai porté de masque pour la lune de mer. Après, non, il n'y a pas de masque.
01:17 Et vous aviez des gants ?
01:18 Des gants, oui. Au départ, les soudeurs, ils avaient des gants d'amiante.
01:23 Ils avaient leur petit tapis pour se mettre à genoux pour se dé-amiante.
01:27 Il y avait partout. Il y avait les entrepôts, il y avait des rouleaux d'amiante.
01:33 Les grandes chaudières dans un navire, ils étaient entourés de matelas épais comme ça d'amiante.
01:39 D'ailleurs, même, il y a eu des femmes qui n'avaient jamais travaillé là,
01:45 qui travaillaient dans les bureaux.
01:47 Et il y avait une fenêtre qui donnait à l'emplacement pas loin de la menuiserie.
01:51 C'était pour tirer les plans.
01:54 Il y a la femme d'un copain qui est morte de l'amiante.
01:57 Parce que quand ils découpaient à la menuiserie, toutes les poussières s'en allaient.
02:03 Alors, on a réussi à avoir un truc de récupération.
02:06 On avait un immense ballon en grosse toile qui se gonflait et ils aspiraient ça.
02:10 La lutte, c'était ça. Il fallait se débrouiller pour arriver à quelque chose.
02:14 On l'a découvert. On savait qu'il y avait quelque chose, mais on ne le savait pas vraiment.
02:20 Et c'est le Dr Gontier en 71 qui nous a appelés, parce que j'étais chez la société.
02:28 Et il m'a dit, maintenant ça y est, il y a de l'amiante.
02:34 Il va falloir prendre des dispositions.
02:36 Et ça n'a pas été facile.
02:38 Alors le Dr Gontier, petit à petit, en faisant passer des radios aux ouvriers,
02:46 il va se rendre compte qu'il y a des formes qui apparaissent, qui ne devraient pas se tenir là.
02:52 Et ces fameuses formes, c'est des plaques pleurales.
02:55 Et en voyant cette répétition dans ces radios, il va commencer à se poser des questions.
03:01 Il va aussi remarquer qu'il y a une mortalité, une répétition de décès lié à des cancers du poumon,
03:09 de la plève, qu'on sait être le mésothélium, donc lié à l'amiante, qui va prendre de plus en plus de place.
03:18 Alors moi je lui ai dit, voilà, il y a l'amiante qui arrive, il va falloir prendre des dispositions et tout ça.
03:22 Le patron m'a répondu, celui qui était responsable du machin, il me dit, vous vous rendez compte M. Pénaud,
03:26 si on fait ça, si on enlève la... c'est les coréens et puis les chinois qui vont faire les bateaux.
03:33 Oui, mais en attendant, si on n'est pas protégés, qu'est-ce qui va se passer ?
03:37 Ils étaient très réticents, mais ça s'est amélioré après, parce qu'on a quand même agaré.
03:44 On a brûlé les pneus, on a fait tout ça, on a occupé, on a barré d'armes.
03:49 On les a fait courir, ça c'est vrai.
03:53 Au chantier naval de Nantes, qui a été le premier chantier à faire interdire l'amiante dans sa production, c'est 1976.
04:00 Ils ont été suivis de près par Saint-Nazaire, dans toute la France c'est 1997.
04:06 Donc ils avaient quand même 20 ans d'avance. Donc c'est quand même assez remarquable.
04:12 Nous, en fait, à la Maison des Hommes et des Techniques, on a régulièrement des personnes qui viennent nous voir en disant
04:17 « Est-ce que vous avez dans vos archives des traces de mon embauche pour pouvoir prouver que j'ai bien été exposée à l'amiante de telle période à telle période ? »
04:27 Ce qui a fait que Jean a été un grand représentant syndical, et notamment au CHSCT, c'est que t'avais pas peur de dire ce que t'avais dit.
04:35 Non, mais moi j'ai toujours dit. Peut-être pas toujours.
04:39 La difficulté de l'amiante, c'est qu'effectivement, ça peut se déclencher très vite, ou ça peut traîner pendant…
04:51 60 ans, ouais.
04:52 Voilà, en fait, il n'y a pas de règle avec l'amiante.
04:55 Moi j'ai la chance, peut-être, je sais pas, ça joue pas toujours, mais j'ai eu la chance de faire beaucoup de sports.
05:01 Toujours, toujours. Mais bon, j'ai des plaques plurales.
05:05 Moi j'en ai, il y en a beaucoup qui en ont, mais j'ai mon frangin qui était soudeur.
05:11 Il était soudeur, lui, il était rentré en 1954 au chantier, et bien il est mort de ça.
05:17 Ça l'a pris au mois de septembre. Au mois de septembre, il est décédé le 22 décembre.
05:24 Il était soudeur au chantier. Ah bon ?
05:28 Et puis, l'amiante, il me dit oui.
05:32 Alors je regarde, je dis, mais c'est l'amiante, hein.
05:35 C'est le mesothélium qu'il a, mon frère.
05:38 Comment, vous connaissez ça ?
05:39 Ben oui, parce que j'ai tous acheté.
05:41 Et bon, ben, ils ont fait les papiers, hein.
05:43 Parce qu'il y avait des toubis, il y avait des toubis qui étaient réticents, ils voulaient pas entendre parler de ça.
05:48 Il y a des toubis qui ont fait passer des radios, non, non, il n'y a rien.
05:51 Et puis, au total, il y avait quelque chose.
05:53 Est-ce qu'il y a beaucoup de personnes des chantiers qui sont morts de l'amiante ?
05:57 Ah ben, c'est pas le nombre, il y en a beaucoup.
06:00 De toute façon, il y a, en principe, des gars qui ont travaillé dans le chantier ici,
06:03 un sur deux avaient de la commande de l'amiante.
06:06 Au début, on savait pas ce que c'était, mais après, on a surtout appris ce que c'était
06:13 après qu'on a quitté le chantier.
06:16 Hein ? Parce que c'était tabou, on n'en parlait pas.
06:19 Il y a beaucoup de gens qui sont morts, bien sûr, du chantier, mais on savait pas à l'époque.
06:23 [Musique]
06:27 [Musique]
06:31 [Musique]
06:34 [Musique]
06:43 [Musique]
06:51 [Musique]
06:59 [Musique]
07:02 [Musique]
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