• il y a 3 ans
T A M A W A Y T (un territoire sonore...)

…… « Celui qui croit que la solitude n’existe pas
……Qu’il aille aux portes de la maison d’Akki
……Le hibou qui y pleure de solitude a remué la mienne… »
Se mettre en mouvement, en quête d’un son, juste quelques secondes d’une voix qui a su s’inscrire en mémoire sonore en votre corps, en impression en votre paysage de sensibilités.
Un son que je situerai un été de 1978, entre 16 heures et 17 heures. Je sens la chaleur aoutienne écrasante d’une après-midi qui vous contraint à l’ombre moite d’une chambre. Ah haha ha haha !
La prononciation en français de ses interjections de l’âme sont risibles tant elles composent l’envers de l’avers de la prononciation en arabe ! La langue est déjà là pour trahir les sentiments, jouer la farceuse à la mémoire et se jouer de l’expression.
La Radio Amazigh diffuse de la musique du Moyen Atlas, un rendez-vous que je cultive depuis que ces sonorités à la langue incompréhensibles à mon ignorance cultivée par l’école ont percuté mon écoute. Ce territoire musical parlait à mon adolescence, titillait mes intérieures émotions.
Puis me voici saisi, figé sur cet appel, ce cri chanté, cette supplique, cette prière vociférée qui d’un coup convoque à ma conscience des montagnes imaginaires. Une séquence courte introductive faite voix pure, forte, violente d’émotion, avant que l’wtar percute ses notes et que le bendir lui réponde.
J’apprends plus tard, bien plus tard, sur le chemin de la quête de ce son que cela a un nom et une empreinte. Je n’en connaissais que son empreinte poétique, imaginaire, sensible… sur moi. Une signature vocale, une incise, un tatouage.
TAMAWAYT.
Oui tamawayt est le nom d’identification de cette séquence. Celle que j’ai écoutée soulève, trouble, provoque chute et voyage, suspend les entrailles au souffle, nourrit, affame, frustre, réjouit… Quelques secondes, une éternité.
Depuis je la cherche, la traque sur la toile et n’en trouve que des ombres qui réveillent le manque, le souvenir, les souvenirs.
Il m’a semblé la rencontrer à Imilchil en ouverture du festival des Musiques des cimes. Mais mon enregistreur s’est enrayé sur l’agitation de mes doigts. Un raté troublant.
Aujourd’hui, je me mets à imaginer un voyage, une en-quête sur le chemin de Tamawayt en accompagnatrice. À l’ombre de cette absence, composer un paysage de montagnes, de visages, de mains serrées, de paroles échangées, de captation de voix offertes, de récits.
Je sais déjà que l’horizon de ce voyage est l’absence, le manque territoire de tous les possibles de l’humain. Je pense avoir appris à me nourrir du manque du manque et l’habiller de fables de présences et d’horizon à habiter.
Tamawayt ne semble-t-il pas signifier « l’accompagnatrice » ?
Abdelmajid Arrif
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NB : Or voici que mon manque vient de s’aiguiser de ma trouvaille : quelques minutes du tamawayt de ma quête que je retrouve dans un disque dur qui a échappé à mes attentions.

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