• il y a 4 ans
[NOUVEAU] Baby Blues, joie intense, dépression post-partum… La naissance d'un bébé provoque un vrai chambardement dans la vie, mais aussi dans la tête des mères. Dans le troisième épisode de Sage-Meuf, le podcast qui raconte la folle aventure de la naissance, Anna Roy, sage-femme depuis dix ans et chroniqueuse dans la Maison des maternelles sur France 4, vous parle des états émotionnels provoqués par la naissance. Elle donne la parole à deux anciennes patientes qui ont eut toutes les deux un accouchement difficile et livre ses conseils pour vous accompagner dans ce moment de votre vie.

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Transcription
00:00 Bonjour, avant de retrouver votre podcast, je voulais vous parler d'un autre podcast européen.
00:04 Il s'appelle "Sage Meuf".
00:06 Il parle de la maternité avec des témoignages de jeunes parents et tous les conseils pour gérer au mieux l'arrivée d'un bébé.
00:12 En plus, à chaque écoute de "Sage Meuf", Carrefour s'engage à verser un don pour soutenir le Collège National des Sages-Femmes de France.
00:19 Avec les marques Carrefour Baby et Tex Baby, Carrefour accompagne les bébés au quotidien.
00:24 Des produits alimentaires et d'hygiène, du textile, de l'équipement, avec Carrefour, on a tous droit au meilleur.
00:30 Et surtout les bébés. Allez maintenant, place à votre podcast.
00:34 Cette garde-là, je ne suis pas prête de l'oublier.
00:44 J'étais en deuxième année d'études de sages-femmes.
00:47 Il faut se dire que j'avais à peine 19 ans.
00:49 Et j'avais prise en charge ce jour-là, sous la responsabilité d'Éloïse, une sage-femme, une patiente pour laquelle, il faut bien le dire, tout se passait merveilleusement bien.
00:58 J'étais d'ailleurs en train de remplir son dossier médical, quand j'entends soudain des hurlements terribles.
01:05 Avec Éloïse, nous nous précipitons.
01:07 Et nous trouvons notre patiente debout, confuse, qui a arraché ses perfusions, ses capteurs, le monitoring.
01:15 Je suis tétanisé, exactement comme le futur papa qui me fait face.
01:19 La patiente se calme, et elle se tourne vers la sage-femme et lui dit, très naturellement,
01:24 "Papa et maman t'ont appelé ? Ce serait quand même bien de les avoir au téléphone, tu veux pas les appeler ?"
01:29 Et la sage-femme, de répondre du tac au tac, "Non, ils ne m'ont pas appelé, mais je vais le faire tout de suite. Je vais leur donner des nouvelles, évidemment."
01:36 Je reste bouche bée.
01:38 Ma patiente prend la sage-femme pour sa sœur ?
01:41 Mais c'est quoi cette conversation du cinquième type ? À quoi joue la sage-femme ? À quoi joue la patiente ?
01:46 Et Éloïse, comme si de rien n'était, saisit son téléphone portable dans sa poche, et elle entame une conversation avec ses parents imaginaires.
01:53 Elle les embrasse même au téléphone, et elle raccroche.
01:56 "Bon écoute, tout a l'air d'aller hyper bien, ils ont hâte que le bébé naisse.
02:00 Et d'ailleurs là, pourquoi t'as enlevé ta perfusion et tout le reste ?
02:03 Faut quand même que la sage-femme te remette tout ça et qu'elle t'examine pour voir où tu en es."
02:07 Je la regarde méduser, mais de quelle sage-femme parle-t-elle ?
02:10 Éloïse se tourne vers moi avec insistance.
02:13 Je reste plantée comme une imbécile au milieu de la pièce.
02:17 "Ah oui, je suis en train de comprendre, c'est moi la sage-femme."
02:22 Je remets donc fébrilement le capteur de tension, le monitoring et la perfusion.
02:26 Un mystère persiste. Je n'étais qu'en deuxième année d'étude.
02:29 Qui va donc faire l'accouchement ?
02:31 J'examine ensuite la patiente. La naissance est imminente.
02:35 J'en informe la sœur sage-femme, qui me dit plus vrai que nature,
02:38 "Ah mais c'est génial, je vais enfin voir mon neveu, mais quelle joie !"
02:42 Le père, lui, est toujours muet et il est blanc comme un suaire.
02:45 Je suis moi au bord de l'apoplexie.
02:47 Nous nous installons pour l'accouchement et, à mon grand étonnement,
02:51 la patiente se laisse guider par le son de ma voix
02:53 et fait naître son petit avec une facilité totalement déconcertante.
02:57 C'est un très beau bébé qui va très bien.
03:02 Je le prends et je l'emmène dans la salle des nouveau-nés.
03:05 Dans cette maternité, c'est comme ça qu'on fait.
03:07 Je propose donc au tout jeune papa de m'accompagner
03:09 et nous nous retrouvons là, tous les deux, avec le petit.
03:11 Je reste muette parce que je ne sais pas quoi dire
03:14 et j'exécute les gestes de routine avec efficacité et bienveillance.
03:17 Le père rompt le silence en se mettant à pleurer
03:21 et, entre deux sanglots, il me lance.
03:23 "Qu'est-ce qu'elle a comme problème, ma femme ?"
03:25 "Écoutez, monsieur, je crois que c'est mieux que ce soit la sage-femme qui vous explique,
03:28 je suis trop inexpérimentée pour vous répondre."
03:31 Dieu merci, une deuxième sage-femme de garde présente ce jour-là,
03:34 Evelyne arrive enfin et dit d'un ton très clair
03:37 "Monsieur, votre femme fait une complication grave de la grossesse,
03:40 cela s'appelle une psychospérpérale."
03:42 Je ne le sais pas encore à cette époque, mais Evelyne a raison.
03:45 Cette maladie, qui se manifeste essentiellement par des bouffées délirantes,
03:48 le plus souvent après la naissance, est assez grave.
03:51 Heureusement, elle est rare et soignable.
03:53 Les sanglots du tout nouveau papa redoublent.
03:56 Quant à moi, je ne vais guère mieux,
03:58 je me mors l'intérieur de la joue pour m'empêcher de pleurer.
04:00 Héloïse, en soeur qu'elle est, reste aux côtés de la patiente en échangeant quelques paroles.
04:05 Les deux heures réglementaires de surveillance en salle d'accouchement après une naissance étant passées,
04:09 je vois deux médecins accompagnés de deux infirmiers qui entrent dans la chambre.
04:13 Ils se mettent à parler à la patiente d'une injection intramusculaire.
04:17 Et la situation vire bien vite.
04:19 La nouvelle maman se met à hurler et à se débattre.
04:22 Je les vois la contenir fermement pour lui faire l'injection.
04:25 Puis un calme sinistre s'abat sur eux tous, et sur moi aussi.
04:28 La patiente, rapidement somnolente, a été transférée en brancard dans le service de psychiatrie,
04:33 deux étages plus haut.
04:35 J'ai eu des nouvelles quelques mois plus tard grâce à Héloïse.
04:38 Après plusieurs semaines d'hospitalisation, la patiente avait enfin pu sortir et retrouver sa famille.
04:43 Elle avait repris une vie presque normale, ainsi que son travail.
04:46 Et Tom, le bébé, avait été pris en charge par son papa et ses grands-parents au cours des premiers mois de sa vie.
04:52 Désormais, tout le monde était réuni.
04:55 Quelle sacrée tempête, cette psychospérpérale !
04:58 C'est choquant parce que d'avoir une femme enceinte, ça n'a jamais un physique très joli.
05:04 Et c'est pas la peine de la révéler au public, je trouve.
05:08 On est bien content de les avoir.
05:10 Et puis, s'il fallait en avoir un autre, je l'accepterais pareil.
05:14 La France est championne d'Europe en matière de natalité, avec pratiquement deux enfants en moyenne.
05:19 Dans la salle d'attente, les jeunes papas s'interrogent.
05:22 La présence d'une personne qui peut apporter de l'amour, en quelque sorte, comme peut le faire la sage-femme.
05:29 C'est nous qui tenons les maternités. Faut pas perdre sa juge. C'est vraiment la sage-femme qui tient la maternité.
05:34 La maternité est toujours une source de stress pour les femmes.
05:37 On va toutes être dépressives, hein ?
05:39 Je vais vous ouvrir les portes de ma maison, de mon hosteau et des appart' des couples que j'accompagne en ville
05:44 pour vous raconter mon histoire, leurs histoires, sans phare et sans tabou.
05:48 Je veux témoigner de l'expérience humaine la plus folle de l'existence, la naissance.
05:53 Pour moi, sans aucun doute, la plus grande des déflagrations.
05:57 Et dans cet épisode, vous l'aurez compris, je vais vous parler de ce qui se passe dans la tête.
06:01 Je donnerai des conseils, évidemment, juste pour vous dire que tout ira bien,
06:05 mais que pour ça, quand même, il faudra avoir entendu parler de deux ou trois petites choses.
06:09 Vous dire que c'est super chouette, mais pas que.
06:12 Ce podcast est fait pour vous servir et pour vous divertir.
06:15 Et si j'y arrive, alors, j'aurai tout gagné.
06:17 Je m'appelle Anna Roy et je suis sage-meuf, comme j'aime tant le dire.
06:20 Bienvenue dans Sage-Meuf.
06:22 Épisode 3, la déflagration psychique.
06:30 Bon, je préfère vous rassurer tout de suite.
06:35 La naissance d'un enfant ne provoque qu'exceptionnellement une psychose.
06:39 On dit qu'elle concerne environ une naissance pour mille.
06:42 Et si nous, les sages-femmes, nous sommes souvent là pour en faire le diagnostic, soyons clairs,
06:46 cette affaire-là reste l'apanage des psychiatres.
06:49 Ce que je veux évoquer avec vous aujourd'hui, c'est plutôt ce qui nous concerne toutes.
06:52 Tous, devrais-je même dire, d'ailleurs, puisqu'une jeune mère, c'est l'affaire de tout le monde.
06:56 J'ai envie de vous parler des remaniements intérieurs qui nous agitent après la naissance d'un enfant,
07:00 au cours de la première année en particulier.
07:02 Des branlements identitaires, de baby blues, comme on dit pudiquement,
07:05 de joie à tout casser, de regret, de deuil à faire, de l'habilité émotionnelle.
07:09 J'aime bien ce mot, mais bon, pour être plus clair, disons que c'est une palette d'émotions.
07:13 Et puis il y a aussi cette putain de culpabilité qui nous étreint à chaque seconde de notre vie.
07:17 Pourquoi j'ai envie de vous en parler ? Parce qu'en fait, ces changements et ce bouleversement-là, il est normal.
07:23 Et en fait, c'est vachement important de savoir qu'on n'est pas seul.
07:26 Tous ces remaniements, ils peuvent très facilement se muer en détresse,
07:30 voire en dépression du postpartum, qui concerne quand même 13% des femmes de ce pays,
07:35 confère un article du Collège National des Gynécologues Obstétriciens Français.
07:39 Et j'ai une très bonne nouvelle, c'est qu'on va voir que la plupart de ces dépressions sont totalement évitables.
07:46 Pour parler de tout ça, je suis avec deux de mes anciennes patientes, Émilie et Rosa.
07:51 Émilie, elle a deux enfants aujourd'hui, qui ont respectivement 2 et 6 ans.
07:55 Rosa, elle, a accouché il y a tout juste un an.
07:58 Il faut quand même que je vous dise un truc avant de commencer, c'est que d'abord,
08:01 Émilie et Rosa ne s'appellent pas Émilie et Rosa, et que j'ai dû changer leur prénom,
08:05 et qu'aucune des deux n'a voulu parler au micro.
08:07 Et vous savez pourquoi ? À cause de l'employeur, et de leur connaissance.
08:11 Apparemment, c'est pas très cool de pas être une mère parfaite.
08:14 Il paraîtrait même que ça pourrait nuire à la carrière.
08:16 Alors je leur ai demandé des lettres, elles me les ont envoyées.
08:19 C'est une pièce de théâtre en 4 actes qui va se jouer.
08:34 On m'a téléphoné de Paris pour me dire que j'étais le papa d'un garçon.
08:38 Sur le moment, j'y croyais pas. Enfin, j'y croyais, mais ça m'a fait une bonne impression.
08:42 Et puis, quand je l'ai vu, c'était formidable.
08:44 - Comment va Sylvie ? - Sylvie va... Elle est très fatiguée, mais elle va très bien.
08:48 Voici donc les personnages clés.
08:54 Il y a un couple, le plus souvent.
08:57 Un bébé.
08:58 Et des soignants.
08:59 Là où je veux en venir, c'est que les circonstances de la naissance,
09:02 et surtout l'accompagnement dont les femmes ou couples ont bénéficié,
09:05 sont absolument fondamentales sur le devenir psychique des femmes.
09:09 Je m'explique.
09:11 Cela peut donner terriblement confiance à la jeune maman,
09:14 comme cela peut piper l'aider à jamais,
09:17 en la plongeant dans un état de stress post-traumatique.
09:20 Mais il faut arrêter d'avoir peur des mots.
09:22 C'est bien de cela dont il s'agit.
09:24 Vous allez me dire "bah oui, évidemment, c'est normal,
09:26 ça dépend des circonstances de son accouchement,
09:28 et de la façon dont on accouche".
09:30 C'est plus compliqué que ça. On va voir ça.
09:32 Alors d'abord, il y a Émilie.
09:34 Et voici ce qu'elle m'écrit pour raconter son premier accouchement.
09:37 Accrochez-vous.
09:39 L'accouchement s'est passé avec beaucoup de difficultés.
09:45 Alors que je m'étais imaginé une naissance naturelle,
09:48 j'ai eu le droit à le placenta ne marcher plus,
09:50 donc déclenchement avec tampon, puis avec perfusion,
09:53 27 heures de travail où j'ai failli aller deux fois au bloc opératoire pour une césarienne,
09:58 ventouse, puis forceps, une épisiotomie, cerise sur le gâteau,
10:02 ils sont allés me chercher le placenta avec la main.
10:04 Je suis sortie de là au-delà de l'épuisement,
10:07 traumatisée, déçue de moi-même.
10:10 J'avais pas réussi à faire le job.
10:13 En somme, je suis complètement passée à côté de la naissance de ma fille.
10:17 Et puis, voici l'accouchement de Rosa.
10:20 Et là, ça n'a strictement rien à voir.
10:23 La naissance de Marie s'est bien passée.
10:27 Ça peut paraître bizarre de dire ça,
10:29 mais je peux même dire que j'ai vraiment aimé cette journée.
10:32 Et puis ce qui est amusant, en accouchant, c'est que j'ai pensé que j'avais fait le plus dur.
10:37 J'étais super fière et je me sentais très forte.
10:40 La sage-femme m'a même dit que j'étais une super pro quand même.
10:44 La découverte de notre fils, qui ne ressemblait pas du tout à ce que l'on imaginait d'ailleurs,
10:49 s'est faite tout en douceur.
10:51 C'était bouleversant.
10:53 Ça va peut-être vous paraître dingue, mais en fait,
10:56 Rosa a eu exactement le même type d'accouchement qu'Emilie.
10:59 Vous l'avez compris, ce n'est pas un accouchement de rêve.
11:01 Donc soyons clairs, elle a eu le déclenchement pour raison médicale,
11:05 l'apéritural, un travail hyper long,
11:07 une extraction avec des forceps,
11:09 une épisiotomie et une délivrance artificielle.
11:12 Autrement dit, on a sorti à la main son placenta.
11:15 Et vous voyez, c'est rigolo, parce qu'elle ne le racontait absolument pas dans sa lettre.
11:19 Seulement voilà, en fait, tout est différent.
11:21 Rosa a pu choisir son lieu d'accouchement.
11:24 Emilie, pas du tout.
11:26 Comme de nombreuses femmes, son gynécologue lui a dit d'accoucher là.
11:29 Et elle lui a fait confiance.
11:31 Rosa n'a pas arrêté de poser des questions aux équipes hospitalières.
11:34 Et c'est pour ça qu'elle a très bien compris les raisons du déclenchement
11:36 et même des raisons qui ont motivé une épisiotomie.
11:39 Et elle l'a du coup très bien accepté.
11:41 Emilie, elle, a tout subi.
11:43 Elle n'a d'ailleurs toujours pas compris pourquoi elle avait eu des forceps,
11:45 une épisiotomie ou même un déclenchement.
11:47 Rosa a été la chef de son accouchement.
11:49 Emilie, elle, a donné aux équipes un chèque en blanc sur son corps.
11:53 Alors un conseil.
11:55 Rappelez-vous d'abord que vous n'accoucherez pas 30 fois dans votre vie.
11:58 Et que ce moment va laisser une grande empreinte dans votre tête.
12:02 Prenez le temps de choisir l'endroit où vous allez accoucher.
12:05 Et n'écartez aucune piste a priori.
12:07 Bon, évidemment, sauf si vous avez des problèmes de santé
12:09 qui vous contraignent d'accoucher dans une maternité de type 3 par exemple.
12:12 Laissez-vous le choix d'accoucher dans une maternité publique ou semi-privée,
12:16 pourquoi pas en maison de naissance, voire même d'accoucher à la maison,
12:19 peut-être en clinique,
12:21 quitte à vous inscrire dans plusieurs endroits
12:23 et à vous désinscrire au fur et à mesure.
12:25 Et puis, peut-être le plus important,
12:28 ne vous laissez jamais faire
12:30 et ne consentez jamais à des actes qui vous paraissent inadéquats.
12:34 Faites-vous expliquer tous les gestes que les professionnels font.
12:38 Je préfère quand même préciser que la plupart du temps,
12:41 les professionnels ne sont pas méchants a priori.
12:43 Mais il faut se rendre compte que pour nous, c'est notre quotidien.
12:45 Quand je pose une perf d'antibiotiques,
12:47 il faut bien se rendre compte que j'en pose 50 dans la journée.
12:49 J'exagère un peu là, mais vous voyez ce que je veux dire.
12:51 Donc il ne faut pas hésiter à nous dire "Eh oh, c'est quoi là ce que tu me fais ?"
12:54 Si vous n'avez pas du tout pu choisir votre lieu d'accouchement,
12:57 n'hésitez pas à faire un projet de naissance
12:59 pour y mettre ce qui vous tient à cœur.
13:01 Et puis, si vous avez déjà accouché, que le mal a déjà été fait,
13:04 il faut prendre rendez-vous avec nous, avec les équipes qui ont fait l'accouchement,
13:07 pour qu'ils vous expliquent ce que l'on vous a fait et pourquoi on l'a fait.
13:11 Bon bref, on en est là.
13:13 Rosa sort de la salle d'accouchement avec une énergie à tout péter,
13:16 alors qu'elle a eu un accouchement pourri.
13:18 Et Émilie, elle, est défaite et pulvérisée.
13:21 C'est la fin du premier acte.
13:23 Acte 2, le séjour en maternité, les premiers jours.
13:33 Alors vous êtes heureuse ?
13:35 Ah oui, je suis très très très contente.
13:37 Jacques Dutronc là ?
13:38 Là, je l'attends et il a été là tout le temps.
13:42 Tout commence par un foutu malentendu.
13:46 Les femmes arrivent toutes dans le service des suites de couches,
13:49 en pensant sincèrement que le plus dur est fait.
13:51 Il faut dire que nous mettons le paquet, nous ce sont les professionnels de santé.
13:55 On vous surveille comme le lait sur le feu pendant toute la durée de la grossesse en vue de l'accouchement.
13:59 En veux-tu en voilà de bilans, de consultations, d'échographies, de rendez-vous.
14:04 Alors évidemment, vous, en toute logique,
14:06 vous imaginez que le même soin va vous être prodigué ensuite.
14:09 Et bien non, absolument pas.
14:12 Émilie a déchanté comme elle le décrit très bien.
14:16 Je n'étais pas effrayée par la suite car je pensais vraiment avoir fait le plus dur.
14:20 J'imaginais ça comme mon accident de voiture où j'avais eu trois fractures.
14:25 Je me disais c'est dur mais tu vas enfin pouvoir te reposer et récupérer.
14:30 Comment avais-je pu imaginer une chose pareille ?
14:33 Seulement voilà, il se trouve que pendant ces premiers jours, ça va tanguer sec dans la tête.
14:38 Un chamboulement total.
14:40 En fait, c'est les patientes qui m'inquiètent,
14:42 c'est les patientes qui ne sont pas traversées par des émotions.
14:46 Parce que t'en as, t'as une petite catégorie de patientes qui arrive là.
14:49 Je m'en rappelle très bien d'une femme,
14:51 quelques heures après son accouchement, a ouvert son ordinateur
14:53 et s'est remise à travailler comme si rien ne s'était passé.
14:55 Non seulement c'est bien d'être traversée par des émotions contradictoires,
14:58 mais c'est souhaitable.
15:00 Et celle qui est là, "Tout va trop bien, Mme la marquise",
15:02 elle est flippante sa mère.
15:04 Et ça y est, je vais commencer à m'énerver et à m'insurger.
15:07 Je ne veux pas entendre de modèle unique.
15:09 On peut être sidéré, joyeuse, puissante, triste, éreinté, en forme,
15:12 ou rien de tout ça ou tout à la fois.
15:14 Et ça, c'est Rosa qui me le raconte le mieux.
15:16 J'étais dans un autre espace-temps, dans un autre pays,
15:21 coupé du monde réel, c'est assez bizarre.
15:23 Je me sentais à la fois très faible et à la fois très puissante physiquement.
15:28 J'avais mal partout, je ne me sentais pas bien dans mon corps,
15:32 et en même temps, ce corps avait produit le miracle qui était dans ce berceau.
15:36 Dans ma tête, c'était tout aussi bizarre.
15:38 J'étais tantôt folle de joie, puis angoissée sur tout, triste, voire désespérée.
15:44 Et à nouveau, enthousiaste.
15:46 Vraiment, j'étais dans un état très étonnant que je n'avais jamais connu.
15:50 Je ne peux pas dire que c'était désagréable, mais pas non plus agréable.
15:54 On avait fait le choix avec mon mari qu'il ne soit là que la journée,
15:58 de 8h à 20h, pour qu'il soit capable de tout assumer
16:01 et que moi, pendant ce temps-là, je puisse me reposer.
16:03 Et puis, je savais de toute manière que si j'avais un souci,
16:06 je pouvais l'appeler, même à 3h du matin, et qu'il déboulerait en 30 minutes.
16:11 J'ai aussi eu la chance d'être entourée de professionnels, aux petits soins avec moi,
16:15 même si l'organisation laissait à désirer.
16:19 Vous l'avez compris, ça remue sec, et les premiers jours sont une parenthèse dans l'existence.
16:24 Alors pour Émilie, qui est arrivée fracassée dans le service d'essuie-d'eau-couche,
16:27 eh bien, on a achevé de la déstabiliser.
16:33 Le séjour n'a duré que 3 jours, j'avais mal, j'étais triste,
16:38 et la moitié des équipes que j'ai croisées n'étaient pas très sympas,
16:42 certainement parce qu'ils étaient débordés, mais je me suis sentie incapable.
16:46 Mon compagnon n'avait pas le droit de rester la nuit, j'avais terriblement besoin d'aide,
16:50 et il aurait pu me la donner, lui.
16:53 Pourquoi cette interdiction alors qu'ils n'ont pas de temps à nous consacrer ?
16:57 Deuxième point, comment ont-ils pu me mettre à la porte au bout de 3 jours et 2 nuits,
17:02 alors que je n'étais pas autonome et que je n'aurais pas d'aide à la maison ?
17:06 La colère d'Émilie, elle est légitime.
17:09 Alors pour que cette traversée en haute mer soit douce et agréable,
17:12 et ne se transforme pas en cauchemar, il faut savoir plusieurs choses.
17:15 D'abord, que les services d'essuie-d'eau-couche,
17:17 ce n'est pas un service dans lequel on met le paquet en termes de moyens financiers et humains.
17:21 On peut même le dire, c'est la dernière roue du carrosse de la gynécologie obstétrique.
17:25 Que les personnels, comme dans le reste de l'hôpital, y sont souvent éreintés,
17:29 et que du coup, logiquement, ils sont de mauvais poils.
17:32 Ne vous dites pas que c'est de votre faute.
17:34 Faites-vous confiance, prenez les bons conseils, et puis jetez les autres à la poubelle.
17:39 Et puis ça, c'est un conseil qui ne va pas plaire à mes consoeurs et mes confrères,
17:42 mais il ne faut pas hésiter à appeler des sages-femmes ou des médecins qui vous suivent à l'extérieur.
17:46 Est-ce que j'ai des solutions ?
17:47 Oui, je pense que déjà, il faudrait faire des durées de séjour à la carte.
17:50 Il faut arrêter de standardiser.
17:52 Certaines femmes ont besoin de plus de temps que d'autres, et c'est comme ça.
17:55 Il faut laisser un accompagnant choisi par la femme, le plus souvent le père,
17:59 venir exactement comme il veut et quand il veut.
18:02 Un point hyper important, c'est qu'il y a un moment très précieux pendant ce séjour,
18:05 c'est ce qu'on appelle la visite de sortie avec la sage-femme.
18:07 Et c'est en fait à peu près 45 minutes d'entretien privilégié,
18:10 où vous allez pouvoir poser toutes vos questions.
18:13 Donc n'hésitez pas pendant votre séjour à cumuler les questions sur un petit carnet,
18:16 et à les garder pour ce moment-là.
18:18 Alors on reprend le fil de notre histoire,
18:20 on a Rosa et Emily qui sont sur le seuil de la porte de la maternité,
18:24 et je me rappelle très bien de Rosa et de son coup de fil quand elle était dans le taxi.
18:27 "Anna, j'ai peur de tout autour de moi, je trouve le monde hyper agressif, c'est normal ?"
18:32 Oh que oui, c'était normal.
18:34 Acte III, le retour à la maison.
18:44 "Dans quelques instants, Lady Di et le petit prince quitteront l'hôpital Sainte-Marie.
18:48 Le prince Charles les conduira soit à la résidence royale de Kensington,
18:52 soit au manoir de Highgrove, à 200 km de Londres,
18:55 où la maman et le bébé pourront enfin se reposer."
18:58 Voilà notre phrase fétiche, "Au revoir, bon retour à la maison".
19:04 Nous y voilà donc, le plus souvent entre 3 et 5 jours après l'accouchement.
19:08 Et c'est à ce moment-là, mais des fois avant ou après, vous l'avez compris,
19:11 que survient le fameux et l'inénarrable "baby blues".
19:15 Bon, je vous le dis tout de suite, j'aime pas trop ce terme.
19:38 Je préfère plutôt des termes comme "l'habilité émotionnelle" et "vulnérabilité".
19:42 Et vous allez voir que même pour Rosa, où tout semblait parfait dans un monde parfait,
19:46 ça va se chambouler dans sa tête.
19:48 Là vraiment c'était dingue. Jamais je pensais que ce serait comme ça.
19:52 Quelle joie, mais aussi quelle dureté.
19:54 Entre le manque de sommeil, les douleurs corporelles,
19:57 le soin à donner au bébé 24h/24h...
20:01 Je crois qu'il faut pas avoir peur de le dire,
20:03 j'ai même parfois éprouvé des regrets d'avoir eu un enfant.
20:06 J'étais traversée par des émotions contradictoires, j'étais émotive comme jamais.
20:10 Je pleurais pour des broutilles, puis je me sentais hyper joyeuse la minute d'après.
20:15 L'état que décrit Rosa, il est parfaitement normal.
20:18 Mais c'est cet état-là qui peut vite dégénérer.
20:20 Cet état, c'est simplement le témoin de cette très grande vulnérabilité psychique et physique
20:25 au regard de l'événement inouï que l'on vient de traverser.
20:29 Et ben moi, après mes deux accouchements, j'ai pas été déçue.
20:32 On m'avait dit que ça secouait sec, ben ça secoue sec.
20:37 C'est-à-dire que moi, vraiment sur la même heure, je pouvais éclater de rire.
20:42 Puis après me dire que ma vie était devenue un enfer.
20:46 On invoque souvent une histoire d'hormones.
20:49 Oui, peut-être un peu aussi. Mais dans quelle mesure ?
20:52 Hormones. On constate au cours de la grossesse, de l'accouchement et de ses suites,
20:57 une explosion hormonale. Ocytocine, oestrogène, progestérone, bêta-HCG, adrénaline, noradrénaline.
21:06 Mais chaque femme semble réagir différemment à chaque type d'hormones.
21:10 Et l'impact des variations est difficile à évaluer.
21:13 Ainsi, il serait réducteur de faire reposer les aléas psychiques
21:16 uniquement sur des fluctuations hormonales.
21:18 Pour que vous voyez à quel point cet état est précaire, je laisse la parole à Émilie.
21:26 Un matin, il est parti au travail.
21:28 Je me suis retrouvée toute seule, avec mon bébé, six jours après la naissance.
21:32 J'étais très émotive, comme m'avaient prévenu mes copines, mais c'était presque drôle.
21:36 J'avais aussi le cœur gros, mais j'ai pensé que j'allais pouvoir m'en sortir.
21:40 J'avais encore terriblement mal à ma cicatrice, chaque mouvement me faisait mal.
21:45 L'allaitement était très compliqué, cela me prenait un temps fou.
21:49 J'étais seule de 9h à 20h. Je me sentais très fragile.
21:54 J'avais parfois envie de pleurer, mais comme j'étais seule avec le bébé, je ne pouvais pas me le permettre.
22:00 Mes parents travaillaient encore et habitaient en plus dans une autre ville.
22:04 Mes amis bossaient, et j'ai fini par appréhender les journées parce que je n'y arrivais pas.
22:09 Alors, je n'arrivais plus à me rendormir après l'été de la nuit.
22:13 Je ne dormais plus.
22:15 À partir de ce moment-là, ce fut l'engrenage, et j'ai fini dans une unité psychiatrique mère-enfant.
22:23 L'histoire d'Emily est d'une banalité tragique.
22:26 Et alors là, je vous préviens tout de suite, je ne vais pas pouvoir ne pas m'énerver.
22:30 Il faut arrêter de ne pas prendre soin de ces jeunes femmes qui viennent d'accoucher.
22:35 Les conséquences physiques et psychiques sont bien trop lourdes.
22:39 Je parle bien là de santé publique, pas de considération personnelle.
22:44 Une femme qui vient d'accoucher ne doit pas être seule, sauf quand elle le souhaite.
22:49 Une femme qui vient d'accoucher doit être aidée pour l'intendance.
22:52 Je ne veux plus voir des femmes qui viennent d'accoucher en train de passer l'aspirateur,
22:57 de faire des courses ou de récurer l'évier.
23:00 Elles ont le corps en vrac, et si elles ont de l'énergie, un peu d'énergie,
23:04 alors c'est pour aller humer l'air au dehors, et pas pour faire la vaisselle.
23:08 Une femme qui vient d'accoucher doit pouvoir parler à des adultes dans la journée.
23:12 Les nouveau-nés sont des êtres absolument adorables,
23:15 mais malheureusement, ils ne fournissent pas un contact suffisant pour un être humain normal.
23:19 Une femme qui vient d'accoucher doit pouvoir dormir,
23:22 et donc elle doit disposer de plages où elle n'a pas la responsabilité de son enfant.
23:27 Une femme qui vient d'accoucher doit pouvoir se nourrir correctement.
23:30 Je le rappelle, c'est Hippocrate qui le disait il y a plus de 2000 ans,
23:33 l'alimentation est la première des médecines.
23:36 Une femme qui vient d'accoucher doit pouvoir se soigner et prendre soin d'elle,
23:40 en particulier de ses seins et de sa cicatrice, et pour ça, il lui faut du temps.
23:44 Il faut vraiment que le congé paternité soit plus long.
23:47 Il faut que les travailleuses familiales soient disponibles pour toutes les femmes,
23:50 et à prix correct.
23:52 Il faut que l'entourage familial et amical soit bien au courant de la situation,
23:55 et mettre la main à la pâte.
23:57 Et puis, il faut aussi arrêter d'offrir des cadeaux au bébé.
23:59 Le bébé, on est très content qu'il soit né, mais qu'est-ce qu'il a fait lui ?
24:02 C'est à la femme qu'il faut offrir des cadeaux, c'est elle qui vient d'accoucher.
24:06 Alors ça me met en pétard, parce qu'en fait, la dépression des milliers, elle était franchement évitable.
24:10 La preuve, c'est que ça s'est très bien passé pour Joseph.
24:13 Mais c'est elle qui en parle le mieux, je lui laisse la parole.
24:17 Maintenant Joseph, rien à voir.
24:20 J'ai changé de maternité, puis on a fait la préparation à l'accouchement avec toi.
24:24 Je me rappellerai toujours la première fois qu'on s'est rencontrés.
24:27 Tu nous as écoutés raconter notre histoire, et puis je t'ai dit que j'avais peur de revivre ça.
24:33 Tu m'as toisé, tu as souri, et tu as dit d'un ton pince-sans-rire,
24:37 "Rassurez-vous, j'aurais aussi eu besoin de Prozac à votre place.
24:41 On a du pain sur la planche, mais cela ne se reproduira pas."
24:45 Immédiatement, la tension est tombée. Je savais que ça irait.
24:49 Tu nous as fait faire plein de choses, et on a super bien vécu la naissance de Joseph et les suites.
24:54 Si j'avais des trucs à dire, c'est ne laissez pas les autres choisir à votre place pour l'accouchement, les suites, etc.
25:01 Et puis, ne soyez pas trop seul les deux premiers mois.
25:04 Et soyez au clair sur vos désirs ensuite, et imposez-vous.
25:07 Après, il ne faut pas mentir non plus.
25:09 C'était épuisant la première année avec Joseph, mais sans commune mesure.
25:15 (Applaudissements)
25:21 Acte IV, les mois qui suivent, ou le retour à la vie d'avant.
25:25 Comment s'appelle-t-il ce petit garçon ?
25:27 On n'a pas encore décidé.
25:29 Vous avez envie qu'il fasse quelque chose de particulier ou de précis quand il aura 20 ans ?
25:33 Laissez-le grandir.
25:35 Il y a un truc vraiment fou avec la naissance, c'est qu'on s'aperçoit qu'en fait,
25:40 elle réinterroge tous les pans de son existence. Son rapport au travail, son rapport à ses amis,
25:45 à sa vie sociale, à ses vacances, à tout ce qu'on aimait faire et ne pas faire.
25:49 Alors si bien qu'on se retrouve en fait à créer une nouvelle identité,
25:52 et ça, c'est vrai qu'on s'en rend compte le plus souvent quand on reprend sa vie d'avant.
25:56 Émilie continue son récit.
25:58 Les mois qui ont suivi n'étaient pas vraiment mieux.
26:02 J'ai été obligée de reprendre le travail pour des questions d'argent.
26:05 Je ne mentirais pas, j'avais l'impression d'être un serpent.
26:08 Je veux dire par là que c'est comme si j'avais complètement changé de carapace.
26:12 Ce phénomène de changement intérieur était d'autant plus fort que j'étais la seule de mon groupe d'amis à avoir un enfant.
26:18 Je me sentais seule et coupable à longueur de temps.
26:21 Et puis, ce qui est compliqué, c'est qu'on ne peut pas dire que c'est dur alors qu'on a un bébé magnifique et en bonne santé.
26:27 Pour Rosa aussi, ça a été compliqué.
26:30 J'étais très ambivalente sur la reprise du travail. Un métier que j'adore.
26:34 Je me sentais coupable d'aller bosser et de laisser mon bébé.
26:38 Et je me sentais coupable de m'occuper de mon bébé et de ne pas bosser.
26:42 Du coup, j'ai eu de la chance de reprendre progressivement.
26:45 J'ai pris aussi la mesure des détails que j'avais à faire.
26:48 Ne plus sortir quand je voulais, les voyages sac à dos où on oublie, mes petits déjeuners au café avant d'aller bosser aussi.
26:55 Bref, tout un tas de détails, tu me diras, mais qui étaient vraiment constitutifs de mon identité.
27:01 C'est vraiment le plus grand bouleversement que j'ai eu à vivre.
27:03 C'est à peine croyable tous les changements qui se sont opérés en moi en une petite année au final.
27:09 Alors qu'est-ce qu'on fait ?
27:11 Eh bien, je crois qu'il faut, et c'est la chose la plus importante, il faut donner de la souplesse aux femmes.
27:16 Par exemple, en leur donnant un congé parental suffisamment rémunéré et allongé pour celles qui le souhaitent et aussi pour ceux qui le souhaitent.
27:23 C'est un anniversaire encore discrètement célébré, celui du congé paternité.
27:29 Eh bien, si les papas ne sont pas là quand on fait nos bébés, moi, personnellement, j'aurais eu tendance à lui en vouloir.
27:35 Je dirais l'affolement que les deux parents, moi et ma femme, étions à l'arrivée de ce petit bonhomme, la clinique, tout ça, ça nous a mis dans un tel émoi, un tel...
27:44 Ça se rattrape pas, ça se vit ou ça se rate.
27:47 Et j'ai dit clairement à mon parent, j'ai dit écoutez, maintenant, j'ai le droit à ces jours, je les prendrai.
27:52 Et alors ?
27:53 Et là, ça a éliminé.
28:03 Moi, je dis la durée minimum qu'il faudrait pour le congé paternité, c'est 40 jours.
28:11 Je veux même pas discuter, je suis des fois en lien avec les autorités de santé.
28:15 40 jours, c'est ce moment auquel la femme commence à sortir la tête de l'eau.
28:20 Mais avant, je veux pas en entendre parler.
28:22 En fait, en somme, je voudrais que toutes mes patientes, elles soient comme Rosa, parce que Rosa, c'est l'exemple même de la femme qui n'a jamais subi et toujours choisie.
28:29 Alors vous qui nous écoutez, prenez confiance, sachez qu'on vit toutes la même chose.
28:34 Et vous, les amoureux, vous, la famille, vous, les amis qui les entourez, ces jeunes mères, donnez leur confiance et aidez-les.
28:40 Et puis surtout, je voudrais que les femmes prennent conscience qu'effectivement, encore une fois, on accouche pas 30 fois dans sa vie, on a pas 30 enfants dans sa vie.
28:45 Et que donc cette première année, c'est une année "exceptionnelle".
28:48 Donc vraiment, choisissez-la vous, c'est-à-dire que si vous avez envie de rebosser au bout de 2 mois et demi, faites-le.
28:52 Si vous avez envie de rebosser un an, faites-le, quitte à manger des pâtes.
28:55 Vraiment, je vous le promets, tout ce que vous pensez être indispensable, les smartphones, les machins, les trucs, n'ont aucune importance.
29:02 C'est-à-dire que ça va vous coûter peut-être 2000 euros, mais ça vaut vraiment le coup de bouffer des pâtes.
29:07 Et moi, je le dis en toute connaissance de cause, c'est vraiment un choix que j'avais fait moi personnellement aussi.
29:14 Et puis, ne vous imaginez pas comme des petites choses fragiles psychiquement, car vous n'en êtes pas.
29:19 Vous êtes au contraire méga puissante.
29:22 Parce qu'en votre sein, la vie est née, foi de sage-femme.
29:25 Alors ouais, évidemment, ça va tanguer sec dans votre tête.
29:28 Mais franchement, comment pourrait-il en être autrement ?
29:31 Allô Sylvie ?
29:33 André ?
29:34 Comment te sens-tu aujourd'hui ?
29:35 Ah, beaucoup mieux.
29:36 Ah oui, ta voix, effectivement, est devenue ce qu'elle était avant.
29:39 Je suis en pleine forme.
29:40 Tout au moins, pour vous parler, t'as pas encore essayé de chanter, non, je pense ?
29:43 Ah non, non.
29:44 Il doit quand même te tarder maintenant de recommencer à faire autre chose.
29:47 Ce podcast a été écrit par moi, Anna Roy, et si mon nom vous dit quelque chose, c'est peut-être que vous m'avez déjà vue
29:53 ou que vous me voyez en ce moment même dans la maison des maternelles sur France 4, où je suis chroniqueuse.
29:58 Une émission que je vous recommande, évidemment.
30:01 Sage-Meuf est un podcast Europe 1 Studio, produit par Adèle Ponticelli.
30:05 Il est réalisé par Charlène Neux-Youx.
30:07 Merci à Émilie et Rosa pour leurs témoignages précieux.
30:12 Et à Marion Sauveur et Vanessa Zha qui leur ont prêté leur voix.
30:15 Et à tous mes patients, petits et grandes, sans qui rien n'aurait été possible.
30:19 N'hésitez pas à commenter, à partager, à questionner ou que sais-je encore sur mon Instagram, annarois75.
30:25 Et si ce podcast vous a plu, n'oubliez surtout pas de vous abonner sur vos plateformes d'écoute préférées et nous mettre plein d'étoiles.
30:31 !

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