• il y a 7 ans
Dans le cas qui nous occupe, la Syrie, on savait depuis 2012 parce que Bachar El Assad l’avait dit, qu’il possédait un stock d’armes chimiques, mais on ne savait pas lesquelles. On a pu dégager trois possibilités, qui étaient le chlore, qui est un agent suffocant. Deuxièmement des agents neurotoxiques, dont le plus probable parce que le plus facile à synthétiser est le sarin. Et troisièmement, aussi un produit facilement synthétisable qui fait partie des gaz vésicants, l’ypérite.
Si on prend ce que signifient les termes : gaz suffocant, on a l’idée de quelqu’un qui a une gêne respiratoire telle qu’elle aboutit à l’insuffisance respiratoire, qui est mortelle. L’autre, c’est les neurotoxiques qui vont aboutir à la même insuffisance respiratoire mais par une atteinte à travers les nerfs des muscles et des glandes sécrétoires. Et enfin ces produits qui vont donner au niveau de la peau des vésicules, c’est pour ça qu’on les appelle des vésicants, qui sont en fait le premier signe de la brûlure de deuxième degré, c’est le gaz moutarde, qui est un autre nom du même produit, c’est un agent vésicant, c’est l’ypérite.
Si on regarde ces trois produits, la présentation va être la même. C’est-à-dire que c’est les yeux qui piquent, qui pleurent, éventuellement même il y a une obligation de fermer les yeux, tant la douleur est intense. Donc ça veut dire aussi une impossibilité de se diriger, et donc de s’échapper des zones toxiques. Ça va irriter aussi la gorge qui va piquer, et éventuellement qui va faire tousser. Tous ces signes sont communs à toutes les classes, aux trois plus les gaz lacrymogènes. Pour les lacrymogènes, la caractéristique c’est que dans l’heure qui suit l’arrêt de l’exposition, les symptômes vont disparaître. Tandis que pour les autres, les signes vont progresser. Et c’est là où on va faire le diagnostic. Si on est face à un sujet conscient, qui va présenter des difficultés respiratoires croissantes, il va avoir une gêne respiratoire, voir même une voix qui va s’enrouer, ça signe des atteintes graves de la muqueuse des voies aériennes et c’est très évocateur du chlore.
Pour un sujet qui est exposé à des produits neurotoxiques comme le sarin, va apparaître rapidement un trouble de conscience ou de l’équilibre, les gens sont conscients mais en fait n’arrivent plus à marcher. Ils vont présenter des fasciculations au niveau des membres qu’on va voir sans problèmes, c’est très visuel. Et ensuite vont apparaître d’autres signes très évocateurs, c’est le fait que les pupilles vont se constricter, et vont être vraiment en tête d’épingle, un millimètre de diamètre, alors même que le sujet va émettre de la salive et des sécrétions bronchiques blanches. Et donc ça va donner lieu à un envahissement de l’arbre bronchique par ces sécrétions, d’autant plus qu’en fait, il y a un autre effet des neurotoxiques ça va être de resserrer les bronches. Ces bronches vont être resserrées donc elles vont avoir du mal à expulser le liquide, et qu’enfin il va y avoir une paralysie respiratoire. Donc vraiment là l’utilisation de ces agents signifie qu’on essaie de tuer la personne par différents mécanismes : la noyade interne, la paralysie musculaire et la broncho-constriction, c’est-à-dire créer une insuffisance respiratoire extrêmement grave. Les gaz vésicants, la toxicité va résulter de la création de brûlures, de brûlures au niveau des zones découvertes, du visage, du cou, des creux axillaires en fait des zones humides, ainsi que des plis inguinaux au niveau de la ceinture, et au niveau des chevilles, au niveau des chaussettes. Donc en fait ce sont des brûlures qui sont somme toute pas très étendues, mais elles sont extrêmement douloureuses. Donc ce sont des agents qui ont pour but avant tout l’incapacitation.

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